En des temps plus favorables, les nouveaux arrivants subissent plusieurs changements dès leur arrivée dans un nouveau pays. Ils doivent s’adapter à ces nouveaux défis.
Maintenant, la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) se propage dans nos communautés et nous savons que les obstacles culturels auxquels les nouveaux arrivants au Canada doivent déjà faire face ont été aggravés par la pandémie.
Depuis plusieurs semaines, Centraide de l’Est de l’Ontario participe à un groupe de discussions avec des autorités de santé publique, des municipalités, des agences de services sociaux de première ligne, des partenaires commerciaux et plusieurs autres. Tout comme nous l’avons fait par le passé avec nos communautés, nous sommes venus en aide aux réfugiés de la crise en Syrie, aux victimes des tornades de 2018 et aux victimes des inondations de 2019. En effet, nous travaillons de façon acharnée pour appuyer les personnes les plus vulnérables pendant cette période sans précédent.
L’éloignement physique est l’une des méthodes les plus efficaces d’adoucir la courbe de la COVID-19 dans nos communautés. Toutefois, cette option est difficile, et plusieurs aspects de l’éloignement physique sont débilitants pour les nouveaux arrivants au pays.
Michael Allen
Président et chef de la direction
Centraide de l’Est de l’Ontario
Sans réseau de soutien établi, de nombreux nouveaux arrivants ayant besoin d’aide sont plus susceptibles d’être isolés socialement, confrontés à une insécurité alimentaire et d’avoir des ennuis financiers.
De plus, les nouveaux arrivants font face à des barrières linguistiques et des traumatismes passés, ce qui compliquent les choses lorsqu’ils ont besoin d’aide, ce qui avoir de graves effets sur leur santé et leur santé mentale.
Cette semaine, notre groupe de discussion s’est rassemblé pour écouter les représentants de la coalition Local Agencies Serving Immigrants (LASI) (en anglais seulement) et le Partenariat local pour l’immigration d’Ottawa (PLIO), y compris Andrea Gardner du Jewish Family Services of Ottawa (en anglais seulement) et Carl Nicholson of Centre catholique pour immigrants, ainsi que Jalil Marhnouj de l’Assunnah Muslims Association, Naini Cloutier du Centre de santé communautaire Somerset Ouest (CSCSO), et Louisa Taylor de Réfugié 613.
Ces chefs de file ont partagé les défis auxquels les nouveaux arrivants font face, plus particulièrement les réfugiés, et expliqué comment nous pouvons travailler ensemble pour trouver des solutions créatives à ces problèmes.
Pendant la rencontre de cette semaine, nous avons compté sur le soutien supplémentaire des représentants fédéraux, municipaux et provinciaux, comme Marie France Lalonde, députée de la circonscription d’Orléans; Jeremy Roberts, député provincial de la circonscription Ottawa-Ouest—Nepean et adjoint parlementaire au ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires; Laura Dudas, conseillère municipale du quartier Innes et mairesse suppléante; et Christa Lowry, mairesse de Mississippi Mills (en anglais seulement). Ces représentants se sont engagés à appuyer le travail du groupe de discussions, à fournir des ressources (lorsqu’approprié) et à rehausser les problèmes de sorte que les voies officielles puissent mieux les adresser.
Vers qui se tourner pour obtenir de l’aide
L’enjeu le plus important auxquels les nouveaux arrivants de notre région doivent faire face est le manque d’accès aux produits alimentaires.
Bon nombre de fournisseurs d’aliments culturellement sensibles, comme les marchés kascher ou halal, ont dû fermer leurs portes en raison de la COVID-19. Des personnes et des familles se fient à eux pour leur subsistance sont à risque élevé de manquer de provisions qui conviennent à leurs pratiques culturelles ou religieuses.
De plus, plusieurs nouveaux arrivants, particulièrement les personnes âgées, n’ont pas de carte de débit ou de crédit. Cette situation, aggravée par le fait qu’ils pourraient ne pas avoir accès à Internet ni avoir de téléphone cellulaire, rend l’achat de produits alimentaires en ligne pratiquement impossible pour de nombreuses familles.
Nous avons plus que jamais besoin de meilleures façons de communiquer.
Plusieurs programmes sociaux favorisant l’interdépendance et la socialisation chez les groupes déjà vulnérables, comme les personnes âgées, sont passé aux modèles virtuels (en anglais seulement). Toutefois, les nouveaux arrivants qui n’ont pas accès à une connexion Internet fiable ou à des dispositifs électroniques, ou qui ont peu de compétences informatiques, sont plus isolés socialement que jamais.
De façon semblable, les conseils scolaires sont rapidement passés à un modèle d’apprentissage en ligne; ils remettent des dispositifs électroniques, comme des Chromebook de Google, aux étudiants, ainsi qu’à bon nombre de grosses familles nouvellement arrivées au pays qui vivent dans de petits logis. Lorsque plusieurs personnes partagent un dispositif électronique, les enfants ne bénéficient pas d’un apprentissage productif et les autres membres de la famille sont moins connectés.
Nous sommes particulièrement sensibles aux autres défis auxquels les nouveaux arrivants pourraient devoir faire face :
- Bon nombre de nouveaux arrivants et de personnes de couleur sont des travailleurs essentiels : préposés aux services de soutien de la personne dans des foyers de soins de longue durée protégeant des personnes âgées; employés d’épicerie assurant que nos communautés sont nourries; ou nouveaux arrivants, employés de première ligne, qui ont peur de contracter la maladie. Ces gens ne peuvent pas appuyer financièrement leur famille.
- Bien qu’il existe déjà de nombreux programmes de soutien, les obstacles langagiers constituent un obstacle immense. En effet, les nouveaux arrivants qui ne parlent pas anglais ni français, les deux langues officielles du Canada, ont de la difficulté à comprendre les lignes directrices changeantes du gouvernement et des responsables de la santé. Ainsi, ils n’ont pas les services de soutien essentiels auxquels ils ont besoin, et se mettent à risque de contracter la maladie.
- En plus des pressions de la COVID-19, les réfugiés doivent composer avec le traumatisme qu’ils ont subi, et ce, dans un nouveau pays où ils doivent refaire leur vie.
- Les organisations de santé publique ne sont pas, à ce point-ci, en mesure d’amasser des données en fonction de la race. Il est alors plus difficile d’identifier les répercussions du virus sur les diverses communautés. Elles sont également sensibles au fait que les données en fonction de la race pourraient causer plus de tort aux personnes en question.
Un pour tous, tous pour un
Nous avons vu nos communautés unir leurs efforts en situation de crise communautaire et c’est la même chose cette fois-ci.
Nos organismes partenaires continuent de trouver des solutions créatives aux problèmes locaux. En formant des partenariats avec des entreprises instantanées, comme Operation Ramzieh (en anglais seulement); des services locaux, comme des banques d’alimentation; et des groupes confessionnels (églises, synagogues et mosquées); des organismes comme le Jewish Family Services of Ottawa peuvent aider plus de 500 personnes, deux fois par mois, en leur offrant des trousses de nourriture qui respectent la diversité culturelle, puis qui répondent à leurs besoins précis (couches, formule pour bébé et autres besoins domestiques).
De façon semblable, l’Assunnah Muslims Association, avec le soutien des Organisations musulmanes unifiées d’Ottawa et de Gatineau, a créé un groupe de travail qui a rassemblé près de 350 nouveaux bénévoles, rapidement formés par des professionnels de la santé. Le groupe a également obtenu plus de 1 500 trousses de nourriture, ce qui permet d’offrir environ 80 000 repas aux gens et aux familles dans le besoin. Les Organisations musulmanes unifiées d’Ottawa et de Gatineau comprennent également les obstacles culturels et linguistiques inévitables auxquels les nouveaux arrivants font face. Ils ont mis en place une ligne d’assistance, doté de conseillers formés, pour offrir des sessions individuelles aux gens qui ont besoin d’aide ou qui se butent aux obstacles résiduels provenant de traumatismes. Ces sessions sont offertes en anglais, en français, en arabe et en somalien.
Réfugié 613 a pris la direction de créer un centre d’information pour les organismes qui servent les immigrants et les réfugiés. L’objectif du centre d’information est de partager des ressources et d’aider les organismes à mieux rejoindre les nouveaux arrivants là où ils sont, sur leurs plateformes de communications communes.
« Notre réponse unifiée nous permet d’être plus forts, car c’est ce que nous avons tous fait par le passé. »
Louisa Taylor, directrice générale, Réfugié 613
Nous avons bon nombre de partenaires engagés ayant un objectif commun; ils nous permettent de répondre rapidement aux besoins, et ce, dès qu’ils sont soulevés. Nous sommes en plein milieu de cette crise et nous devons nous assurer que les nouveaux arrivants et les réfugiés de nos communautés ont l’aide dont ils ont besoin pendant cette pandémie pour en ressortir encore plus forts.
La situation est financièrement difficile pour tant de gens en ce moment. Toutefois, lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons utiliser nos ressources créativement et efficacement, et ce, pour répondre aux besoins les plus pressants.
Telle est notre mission.
Au début du mois de mars, Centraide de l’Est de l’Ontario, en partenariat avec Santé publique Ottawa et des douzaines d’organismes du secteur communautaire, a lancé une initiative visant à aider les personnes les plus vulnérables pendant la pandémie de la COVID-19 qui afflige notre région. Ce partenariat nous a permis de résoudre des problèmes locaux, de prioriser les besoins et surtout, de collaborer. Pour en apprendre plus sur les façons d’appuyer l’initiative ou pour obtenir de l’aide de services communautaires, consultez le https://centraideeocovid19.ca/.