Les statistiques sur le féminicide ont atteint des niveaux historiques dans les communautés de Prescott et Russell, d’Ottawa, ainsi que des comtés de Lanark et de Renfrew, ce qui met en évidence l’urgent besoin d’établir une réponse communautaire ciblée, stratégique et bien pourvue de ressources pour lutter contre violence envers les femmes.
Nous participons, en tant que membre de Fin à la violence faite aux femmes du comté de Renfrew, à une enquête provinciale visant à mieux comprendre les conditions et les défis uniques qui contribuent à la violence entre partenaires intimes et au féminicide en milieu rural.
Celle-ci porte en grande partie sur les circonstances entourant les meurtres de Carol Culleton, d’Anastasia Kuzyk et de Nathalie Warmerdam, qui se sont produits en 2015 dans le comté de Renfrew. Nous savons que la violence fondée sur le sexe est un enjeu de très grande importance dans toutes les communautés rurales. En effet, les statistiques sur les cas de violence fondée sur le sexe rapportés à la police démontrent que les femmes vivant en milieu rural sont 75 % plus susceptibles d’être victimes d’un tel crime que les femmes vivant en milieu urbain.
Les 86 recommandations découlant de cette enquête fournissent une feuille de route visant à accroître la sûreté des femmes de notre région, plus particulièrement de celles vivant en milieu rural. Elles sont adaptées de celles du Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe, informées par des survivantes, des spécialistes clés et des fournisseurs de services.
Sachez que nous cherchons à résoudre les six enjeux suivants, découlant des recommandations formulées dans l’enquête :
Plus de 4 000 femmes et enfants dans l’Est de l’Ontario doivent rebrousser chemin en une année donnée parce que les refuges sont déjà pleins.
La pénurie de logements abordables affecte directement les femmes, les familles et les personnes aux diverses identités de genre à risque. En effet, ces gens sont plus susceptibles de subir des violences familiales ou de mourir. Par exemple, une femme aura davantage tendance à rester dans une situation dangereuse lorsqu’elle n’a nulle part d’abordable où aller. C’est particulièrement le cas des personnes vivant en milieu rural ou éloigné, car il y a encore moins d’options de logement de remplacement.
Centraide continue de militer pour des refuges pour femmes et des logements encore plus abordables auprès de tous les ordres du gouvernement. Nous investissons toujours dans des programmes de soutien pour les personnes victimes de violence fondée sur le sexe et des maisons de seconde étape tant en milieu urbain que rural.
Il est essentiel de pouvoir obtenir du soutien de manière sécuritaire et confidentielle lorsque vient le temps d’édifier un plan pour fuir une situation violente.
Au début de la pandémie, la Maison Interval d’Ottawa et la Maison Interlude de Prescott-Russell ont lancé le projet « Pas bien chez soi », un service de soutien par texto et clavardage en ligne discret et sûr pour les femmes et les personnes aux diverses identités de genre victimes de violence conjugale. Toutefois, cet outil de communication nécessite une connexion Internet fiable, chose difficile à obtenir en milieu rural ou éloigné.
C’est en codirigeant un partenariat axé sur l’équité numérique dans notre région que nous pouvons continuer de solliciter l’aide des gouvernements pour adresser les écarts en matière d’infrastructure numérique, ce qui, en retour, améliorera la sécurité et la sûreté des personnes vulnérables, peu importe l’endroit où elles résident.
Nous savons que quitter une situation de violence dépend largement de la stabilité financière de la personne vulnérable.
Les femmes sont plus susceptibles d’accepter des tâches supplémentaires de façon bénévole, comme prendre soin de jeunes enfants ou de parents vieillissants. Elles sont surreprésentées dans des fonctions moins bien rémunérées qui ont été affectées par la COVID-19 (soins de longue durée, restauration, détail, etc.). Les femmes ont été, longtemps avant le début de la pandémie, victimes d’inégalités en matière d’emploi et de rémunération.
Toutefois, leur indépendance financière a grandement été affectée par la pandémie. Notre initiative Elles Centraide et notre volonté de bâtir une reprise économique postpandémique équitable nous permettent d’appuyer des programmes dirigés par des femmes qui habilitent les communautés marginalisées à briser le cycle de la pauvreté.
Changer ses attitudes discriminatoires envers les femmes et réduire les stigmates auxquels les survivantes font face, c’est plus qu’animer un atelier ou de distribuer des pamphlets. C’est d’investir volontairement du temps et des fonds dans des programmes qui favorisent la diversité et l’inclusion; qui dénoncent la haine et la discrimination systémique; et qui entretiennent l’idée qu’une société est meilleure lorsqu’elle veille au succès et au bien-être équitable de tous les hommes, de toutes les femmes et de toutes les personnes aux diverses identités de genre.
Il faut sensibiliser les gens aux risques, aux signes et aux services de soutien communautaire nécessaires pour éliminer la violence sur le plan individuel.
Centraide continue de mener des discussions essentielles par l’entremise de son initiative Elles Centraide et de la coalition Ici, pour tous. Ces conversations promeuvent des initiatives d’engagement communautaire visant à mettre fin à la haine et à la violence tout en favorisant la résilience locale.
Les personnes vivant en milieu rural sont plus susceptibles de demeurer dans une situation de violence en raison de l’absence de services de transport fiable. C’est l’une des raisons pour lesquelles le transport fait partie intégrante des plans de sécurité et de bien-être du comté de Lanark et des comtés unis de Prescott et Russell.
Centraide a préconisé la continuation du projet pilote de transport local dans les comtés unis de Prescott et Russell, car il est essentiel à l’indépendance des personnes vivant dans cette région.
Les survivantes de violence fondée sur le sexe ont besoin de ressources et de services de soutien particuliers. Les femmes qui fuient une situation de violence (et leurs enfants) ont besoin de counseling en matière de traumatismes adapté aux différences culturelles et de soutien juridique. Elles doivent combler leurs besoins de base et pouvoir accéder à un logement sûr et à long terme après avoir surmonté ce défi.
Ces services sont à bout de souffle. La demande ne cesse d’augmenter; il faut investir plus que jamais dans des services principaux et des infrastructures qui viennent en aide aux femmes en situation de crise.
Centraide préconise le renforcement de la capacité du secteur des services communautaires et investira dans celui-ci en 2023 par l’entremise du Fonds de relance des services communautaires.
Un meilleur avenir
Les femmes constituent la pierre d’assise de nos communautés. Elles sont aussi leaders de leur famille et de leurs enfants. Leur sûreté et leur bien-être ont une incidence sur les générations futures et le succès de nos communautés.
Centraide de l’Est de l’Ontario continue de préconiser le renforcement des capacités du secteur des services sociaux de sorte à adresser les changements systémiques, à identifier les ressources et le soutien, puis à investir dans les services à l’intention des femmes et des personnes aux diverses identités de genre dans nos communautés.
Luttons ensemble contre la violence fondée sur le sexe dans nos communautés.