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Appel à l’action sur la violence entre partenaires intimes des Centraide de l’Ontario

Lecture de 8 minutes

L’honorable Doug Ford
Premier ministre de l’Ontario
Édifice législatif, Queen’s Park
Toronto (Ontario)
M7A 1A1

Monsieur le premier ministre Ford,

Les Centraide de l’Ontario vous écrivent pour vous faire part de leur profonde inquiétude face à la prévalence persistante de la violence entre partenaires intimes (VPI) dans notre province.

Depuis des décennies, les personnes survivantes, leurs familles, les agences de services communautaires, les porte-parole, les personnes élues et les habitantes et habitants sonnent l’alarme et réclament des mesures urgentes à tous les ordres de gouvernement. Ces efforts soutenus de sensibilisation et de mobilisation ont permis de mettre en lumière les effets dévastateurs sur les survivantes et survivants, la nature intersectionnelle de la VPI avec des questions telles que l’instabilité du logement et la précarité des revenus, ainsi que les conséquences disproportionnées sur les femmes et les enfants déjà confrontés à des inégalités systémiques, au racisme et à la discrimination, de même que les répercussions sociales et économiques plus larges de la VPI dans nos collectivités, nos quartiers, nos villes et notre province. L’Organisation mondiale de la santé a reconnu que la VPI était un problème majeur de santé publique et une crise mondiale1. En effet, cette violence a de graves conséquences sur la santé, qui s’expriment sous la forme de décès, de blessures et de problèmes de santé mentale, et ce, en plus de constituer la principale cause d’itinérance chez les femmes2.

Pourtant, au Canada et en Ontario, des femmes et des jeunes filles continuent d’être assassinées à un rythme alarmant, ce qui a des conséquences incalculables. En 2022, 184 femmes et jeunes filles ont été violemment tuées au Canada3. L’Ontario Association of Interval and Transition Houses a signalé 52 féminicides en Ontario sur une période de 52 semaines entre novembre 2021 et novembre 20224. Le temps est venu pour le gouvernement de l’Ontario de prendre des mesures ambitieuses et déterminantes pour mettre fin à cette violence et soutenir les personnes qui en subissent les conséquences.

Les Centraide de l’Ontario œuvrent dans les secteurs public et privé, ainsi que dans celui des services communautaires pour s’attaquer aux problèmes chroniques et persistants auxquels sont confrontées les femmes et les personnes de diverses identités de genre dans notre province. Grâce à leurs liens étroits avec la communauté, les Centraide collaborent depuis longtemps avec des organismes et des personnes survivantes pour lutter contre la VPI et d’autres formes de violence sexiste, notamment en investissant dans des programmes de counseling et de soutien en cas de crise, en soutenant des refuges et des logements de deuxième étape, et en défendant les droits des victimes. La VPI recoupe également notre travail portant sur le logement abordable et adéquat, la disponibilité et l’accès aux services en santé mentale et aux interventions en cas de crise, les possibilités d’emploi, la sécurité alimentaire, la lutte contre la haine et la violence, et les programmes pour la jeunesse. Nous avons constaté par nous‑mêmes les effets durables de la VPI et nous demandons avec insistance au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour :

Déclarer que la VPI est une épidémie

Les Centraide de l’Ontario sont encouragés par le fait que le projet de loi 173, Loi de 2024 sur l’épidémie de violence entre partenaires intimes, soit examiné par le Comité permanent de la justice et nous demandons instamment au gouvernement provincial d’adopter le projet de loi sans tarder. En reconnaissant officiellement la VPI comme une épidémie, le gouvernement provincial aurait une occasion historique de défendre la nécessité d’une action globale et coordonnée pour lutter contre la VPI en Ontario et de veiller à ce que les ressources, les politiques et les interventions nécessaires soient en place pour soutenir les personnes survivantes et s’attaquer aux causes profondes.

Accorder la priorité à la sécurité des femmes et des jeunes filles autochtones et aux appels à la justice lancés dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées

Les femmes autochtones sont confrontées à un taux d’homicide près de sept fois supérieur à celui des femmes non autochtones5 et risquent 1,4 fois plus de subir des violences de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie6. Le racisme et la discrimination systémiques à l’encontre des Autochtones contribuent à créer des obstacles qui empêchent de nombreuses femmes autochtones de se sentir en sécurité dans leur communauté et d’obtenir de l’aide à la suite d’expériences violentes ou traumatisantes, comme l’inaccessibilité du soutien et des services, la disponibilité d’aides adaptées aux différences culturelles et les répercussions profondes de leur expérience avec la police, le système de justice pénale et les institutions censées les protéger7.

Les appels à la justice lancés dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées définissent clairement la marche à suivre pour intégrer les approches autochtones dans tout plan d’action contre la violence fondée sur le genre. La stratégie du gouvernement doit reconnaître les taux disproportionnés de violence à l’égard des femmes et des filles autochtones et leurs causes profondes, y compris les effets à long terme du colonialisme, du racisme, du sexisme et des traumatismes. Pour élaborer un plan d’action clair et adapté, il est impératif que les femmes autochtones participent de manière significative à l’élaboration des lois, des politiques, des programmes et des services. Un plan d’action efficace nécessite également le financement nécessaire et durable de services communautaires adaptés aux différences culturelles et axés sur la prévention et la vie familiale et communautaire.

Élaborer un plan exhaustif et fondé sur des données pour mettre fin à la VPI et soutenir les personnes qui en subissent les conséquences

Élaborer un plan exhaustif, en veillant à ce que les ressources, les politiques et les interventions nécessaires soient en place pour soutenir les personnes survivantes et s’attaquer aux causes profondes, y compris par l’entremise d’initiatives de prévention et de sensibilisation, et ce, en s’inspirant des appels à la justice figurant dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, des recommandations de l’enquête sur les décès de Carol Culleton, Anastasia Kuzyk et Natalie Warmerdam dans le comté de Renfrew en 2015, ainsi que des soumissions et des observations reçues par le Comité permanent de la justice dans le cadre de son examen du projet de loi 173. Ce plan devrait également inclure des investissements dans un processus complet de collecte de données et de suivi afin de mesurer plus précisément la prévalence et les conséquences de la VPI, y compris des données ventilées afin de garantir que les ressources appropriées sont dirigées vers les communautés qui sont touchées de manière disproportionnée par ces formes de violence.

En raison d’inégalités sociales qui se recoupent, certaines populations risquent davantage d’être victimes de ces formes de violence et d’être mal servies lorsqu’elles sont victimes de ces violences. Les femmes et les personnes de diverses identités de genre qui sont noires, racisées, handicapées, nouvellement arrivées et réfugiées, ou vivant dans des collectivités rurales ou éloignées, sont plus susceptibles d’être victimes de VPI et ont pourtant beaucoup moins de soutien et de ressources adaptées à leur culture à leur disposition. Le plan doit tenir compte des besoins et des défis uniques rencontrés par les femmes et les personnes de diverses identités de genre qui sont noires, racisées, handicapées, nouvellement arrivées et réfugiées, ou vivant dans des communautés rurales et éloignées, où les obstacles tels que l’isolement des liens communautaires, la connectivité numérique limitée, le manque de transports publics et les ressources peu nombreuses et éloignées sont une réalité. Ces besoins et défis requièrent des approches délibérées et ciblées qui tirent également parti des soutiens communautaires et les développent en tenant compte des traumatismes, en étant axées sur les personnes survivantes et en tenant compte de l’intersectionnalité.

Faire participer à la planification et à la prise de décision des spécialistes, y compris des femmes et des personnes de diverses identités de genre ayant une expérience vécue de la VPI

Convoquer une table ronde provinciale officielle de spécialistes dédiée à l’élimination de la VPI, composée de personnes survivantes, de leaders du secteur de la violence contre les femmes, de leaders et de porte-parole autochtones et d’autres partenaires concernés, afin d’éclairer les mesures législatives et politiques, ainsi que les programmes visant à lutter contre la VPI. Ces dernières devraient inclure la prise en compte des causes systémiques, sociales, culturelles, institutionnelles et historiques de la VPI.

Ressources suffisantes pour les capacités du secteur

Les secteurs qui s’occupent de la VPI et de la violence fondée sur le genre en Ontario jouent un rôle essentiel dans le soutien des personnes survivantes, notamment les refuges d’urgence pour femmes, les lignes d’écoute téléphonique provinciales, la planification de la sécurité, la protection de l’enfance, les établissements de soins de santé, les services d’établissement, les établissements d’enseignement, l’information, les conseils et la représentation juridiques, ainsi que les services de counseling. Malgré l’importance de ces services, ces secteurs sont confrontés à une grande instabilité en raison d’un sous‑financement chronique et incohérent. Un financement opérationnel permanent et pluriannuel pour les refuges et les logements de transition, ainsi que pour l’ensemble des services de soutien, est essentiel pour stabiliser le secteur.

Garantir la disponibilité et l’accès à des logements sûrs, adéquats et abordables

Chaque jour, les refuges pour femmes victimes de violence au Canada doivent refuser l’accès à près de 1 000 femmes et à leurs enfants, et beaucoup d’entre eux doivent retourner dans des situations de violence et de précarité8. Une enquête de la CBC menée au début de 2020 a révélé que les deux tiers des femmes et des enfants cherchant un refuge dans l’Est de l’Ontario sont refoulés chaque année en raison du manque de place9.

Des options de logement sûres, adéquates et abordables – des refuges d’urgence aux logements de transition en passant par les logements supervisés permanents et les logements locatifs abordables – sont essentielles à une stratégie holistique de réponse à la VPI, au soutien des victimes de la violence liée au genre, et sont fondamentales pour la stabilité à long terme des personnes qui veulent reconstruire leur vie, y compris celles qui s’occupent d’enfants et d’autres personnes à charge. Nous exhortons le gouvernement à élargir les options de logement qui répondent aux besoins des personnes survivantes et à protéger la gamme d’options de logement abordables et accessibles disponibles grâce à des investissements prévisibles et à long terme dans des solutions de logement hors marché et des soutiens intégrés, des soutiens à la stabilisation du logement et à la prévention des expulsions, et des services de protection des locataires qui aident les personnes survivantes à accéder à des logements sûrs et à y vivre. L’augmentation des investissements dans les logements de transition et les logements supervisés intégrés est également cruciale pour fournir une gamme de services intégrés adaptés aux différences culturelles et pertinents pour les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones.

L’Ontario se trouve face à une occasion unique d’améliorer considérablement la façon dont nous abordons et prévenons la VPI et dont nous soutenons les personnes qui en subissent les conséquences. Les Centraide de l’Ontario se réjouissent de continuer à collaborer étroitement avec le gouvernement, ses partenaires et ses communautés afin d’apporter des changements durables dans la vie des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre, ainsi que dans celle de leurs familles, partout dans la province.

Cordialement,
United Way Bruce Grey
Centraide Nord-est de l’Ontario
United Way Simcoe Muskoka
United Way Stormont, Dundas & Glengarry
United Way/Centraide Windsor-Essex County
United Way for the City of Kawartha Lakes
United Way Durham Region
Centraide de l’Est de l’Ontario
United Way Elgin Middlesex
United Way Greater Toronto
United Way Guelph Wellington Dufferin
United Way of Haldimand and Norfolk
United Way Halton & Hamilton
United Way Hastings & Prince Edward inc.
United Way of Kingston, Frontenac, Lennox & Addington
United Way of Leeds and Grenville
United Way Niagara
Northumberland United Way
United Way of Oxford
United Way of Perth-Huron
United Way Peterborough & District
United Way of Sault Ste. Marie & Algoma District
United Way of Thunder Bay
United Way Waterloo Region Communities

[1] « Violence against women prevalence estimates, 2018 », Organisation mondiale de la santé, 2021 (en anglais seulement).

[2] Yakubovic, Alexa R et al., « Housing interventions for women experiencing intimate partner violence: a systematic review », The Lancet Public Health, Volume 7, Issue 1, e23 à e35 (en anglais seulement).

[3] « C’est un féminicide : Comprendre les meurtres de femmes et de filles liés au sexe et au genre au Canada de 2018 à 2022 », Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation, 2023.

[4] « More Than a Number: Addressing the Roots of Gender-Based Violence », Ontario Association of Interval and Transition Houses, 2022 (en anglais seulement).

[5] Taux de victimes et d’auteurs présumés d’homicide, selon le sexe et l’identité autochtone, province ou territoire, Statistique Canada, 2018.

[6] Loanna Heidinger, « La violence entre partenaires intimes : expériences des femmes des Premières Nations, métisses et inuites au Canada, 2018 », Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, 2021.

[7] Ibidem

[8] Schwan, K., Versteegh, et al., « The State of Women’s Housing Need & Homelessness in Canada: Key Findings », Presse de l’Observatoire canadien sur l’itinérance, 2020 (en anglais seulement).

[9] « Eastern Ontario shelters turning away 2 of every 3 fleeing abuse », CBC, le 5 mars 2020 (en anglais seulement).

Affrontons ensemble les problèmes sociaux les plus difficiles en cette période des fêtes.

Pauvreté. Sans-abrisme. Problèmes de santé mentale. Isolement social. Ces défis peuvent sembler accablants, mais vous pouvez changer les choses en faisant un don à Centraide.

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