Nous le savons, les répercussions économiques et sociales de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) affectent nos communautés depuis plus de trois mois, et les défis auxquels les gens font régulièrement face ont empiré. En tant que communauté, nous devions examiner de nouvelles approches novatrices pour empêcher les personnes les plus vulnérables d’être laissées pour compte pendant cette période sans précédents.
Les personnes qui avaient des ennuis financiers avant la pandémie sont à présent à risque d’en éprouver encore plus. En outre, plusieurs autres tombent en difficulté financière après la perte de leur emploi pendant la pandémie.
À mesure que la pandémie commence à se stabiliser pour les communautés de nos régions, le secteur des services sociaux prévoit un avenir plus prospère pour les populations vulnérables souvent délaissées.
Depuis plusieurs mois, Centraide de l’Est de l’Ontario participe à un groupe de discussion avec des autorités de santé publique, des municipalités, des agences de services sociaux de première ligne, des partenaires commerciaux et plusieurs autres intervenants pour soutenir les groupes communautaires à risque plus durement touchés par la COVID-19.
Michael Allen
Président et chef de la direction,
Centraide de l’Est de l’Ontario
Vendredi, lors de la rencontre hebdomadaire du groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19, plusieurs chefs de file communautaires ont pris la parole. C’était notamment le cas de Marino Francispillai de Santé publique Ottawa; Dianne Urquhart du Conseil de planification sociale d’Ottawa; Adam Haga du projet pilote Fonds pour des frais abordables; Linda Simpson de Performance Plus Soins en Réadaptation Inc. (PPSR) et du Partenariat en accès, informations et ressources d’emploi (PAIRE); Ramsey Hart du Table Community Food Centre; et George Brown d’Integral North. Ils ont mis en commun leur points de vue et expliqué comment nous pouvons atténuer les inégalités financières en prévoyant la reprise économique à la suite de la pandémie.
Le groupe a également accueilli des représentants des administrations fédérale, provinciales et municipales, comme Marie-France Lalonde, députée de la circonscription d’Orléans et Jeremy Roberts, député provincial de la circonscription d’Ottawa-Ouest—Nepean. Il s’agit de représentants attentifs qui joueront un rôle important lorsque nous abordons les problèmes, réussites et préoccupations avec les niveaux supérieurs, et ce, aux fins de considérations et de changements politiques.
Précarité financière avant, pendant et après la pandémie
En puisant dans les données du Neighbourhood Equity Index (NEI), Dianne Urquhart a révélé que les femmes, les personnes autochtones, les immigrants, les populations des minorités visibles (communautés noires et arabes), ainsi que les personnes handicapées, sont plus enclins à vivre avec un faible revenu.
Les circonstances de faible revenu découlant de la pandémie empêchent ces gens de se préparer à la COVID-19 et à ses répercussions sociales, à gérer ces dernières et à se remettre de la pandémie.
La pandémie a eu des répercussions encore plus néfastes sur les quartiers et les communautés qui offrent moins d’occasions d’emploi et dans lesquels les logements ne sont pas abordables. Ces inégalités compliquent donc tout redressement financier dans ces quartiers.
« Les complications et les décès découlant de la pandémie de COVID-19 seront inspirés par les inégalités sociales existantes. En effet, elles auront une plus grande incidence sur les populations vulnérables, et des répercussions démesurées sur les secteurs qui payent déjà un prix injuste pour ces aménagements. »
Dianne Urquhart, Conseil de planification sociale d’Ottawa
Bassin de talent inexploité
Avant la pandémie, une personne handicapée sur six vivait sous le seuil de la pauvreté. Bien qu’elles aient hâte de travailler, les personnes handicapées sont souvent ignorées lors des processus d’embauche. En raison des normes d’éloignement physique établies, plusieurs clients de Linda Simpson, au PPSR, ont perdu leur emploi, n’ont pas été en mesure de commencer un nouvel emploi ou ne peuvent pas travailler, car ils doivent s’isoler préventivement à cause de leur handicap.
D’autre part, les personnes handicapées acceptent des emplois à haut risque pour subvenir aux besoins de leur famille pendant la pandémie et les entrepreneurs n’ont pas de revenus supplémentaires pour subvenir à leurs besoins. C’est pourquoi nous constatons une augmentation des problèmes de santé mentale et d’anxiété au sein de ce groupe.
Épidémie d’évictions
Toute autre perturbation économique serait désastreuse pour les personnes à faible revenu ou qui vivent d’une paie à l’autre. C’est pourquoi les partenaires du groupe de discussion sont préoccupés par le fait que plus de gens seront incapables de se nourrir, de payer leurs factures et de payer leur loyer, principalement avec la fin imminente des prestations canadiennes d’urgence (PCU).
Les partenaires reconnaissent qu’en ce moment, il est important de revendiquer les protections financières avant qu’il ne soit trop tard.
L’opposition au Projet de loi 184, soit un projet de loi ontarien qui permet aux propriétaires d’expulser plus facilement les locataires, est l’une des protections offertes, aujourd’hui et dans le futur, aux locataires en situation financière précaire.
Le groupe a de nouveau discuté comment un revenu de base universel du gouvernement pourrait empêcher les services sociaux d’être mis à rude épreuve, tout en stimulant l’économie lorsqu’il n’y aura plus de PCU. Dianne a mentionné que les graves perturbations économiques, comme celles que nous tentons d’atténuer aujourd’hui, constituent pour les gouvernements une occasion formidable d’investir dans cette stabilisation. Un revenu garanti permettrait de réduire la pauvreté en permettant aux entreprises locales de relancer l’économie.
Sans un filet de sécurité sociale, plusieurs personnes risquent d’être laissées pour compte, annulant ainsi une grande partie des progrès permettant de faire de nos communautés des endroits plus forts et plus sains pour tous.
Planification créative de la reprise économique
Souvent, mettre l’accent sur la prospérité économique à un niveau supérieur contredit le concept d’aider les gens aux prises avec des inégalités. Toutefois, en faisant preuve de délicatesse et de créativité, les deux peuvent se compléter, voire se produire en même temps.
Les achats locaux, l’innovation sociale, la finance sociale et d’autres approches novatrices du secteur communautaire sont utiles lorsque vient le temps de nous assurer que les groupes marginalisés ne sont plus en situation financière précaire à mesure que nous nous remettons de cette pandémie. Voici certaines des stratégies mentionnées pendant les discussions :
- Coup de main pour les factures d’électricité et plus
Le nombre de personnes dépendant du soutien communautaire et gouvernemental a augmenté de façon importante pendant la pandémie. Pour la première fois de leur vie, elles sont exposées à l’insécurité alimentaire, à des coûts ménagers accrus, et à l’instabilité financière.
Le Fonds pour des frais abordables (FFA) est un programme énergétique provincial qui permet aux ménages de demander une mise à niveau énergétique gratuite pour réduire leur consommation d’énergie et leurs dépenses en électricité. Celui-ci est de plus en plus important : nous passons plus de temps à la maison et utilisons plus d’énergie.
Le Good Companions Seniors’ Centre et le Nepean, Rideau and Osgoode Community Resource Centre (NROCRC) hébergent des coordonnateurs de la sensibilisation du FFA. Ces coordonnateurs offrent soutien et renseignements relatifs à l’économie énergétique et aux programmes de soutien financiers aux gens qui en ont le plus besoin. C’est en comprenant les besoins des gens et les pressions auxquelles ils doivent faire face, notamment lorsqu’ils doivent payer leurs factures et mettre à niveau leur demeure, que les coordonnateurs les aiguillent vers d’autres services communautaires permettant d’améliorer leur bien-être.
- Accès numérique : une bouée de sauvetage
Dianne Urquhart a remarqué que l’accès numérique fiable constitue un point d’articulation permettant d’améliorer les résultats des gens à faible revenu. Plusieurs entreprises ont constaté qu’il est possible de travailler à distance, mais que les employés doivent avoir accès à une technologie et une connectivité fiable. Augmenter l’accès Internet dans les communautés rurales et donner aux populations vulnérables accès à une technologie appropriée pourrait accroître la capacité du marché du travail pour plusieurs groupes à risque.
Depuis plusieurs années, PPSR offre à ses clients des appareils technologiques remis à neuf qui leur permettent d’apprendre et de travailler à distance. Pendant la pandémie de COVID-19, Linda dit que PPSR pense au futur et ce à quoi le marché du travail aura l’air une fois la pandémie terminée. PPSR collabore avec ses clients pour préparer des cours de formation en ligne qui leur permettent de parfaire leurs compétences générales et d’attirer les gestionnaires recruteurs.
- Nourriture locale, bien local
Le Table Community Food Centre a récemment créé un programme de boîtes d’aliments frais intitulé Good Food, qui met en application une initiative de recouvrement des coûts pour le Centre. Celui-ci offre des aliments sains locaux à prix réduits.
Le contenu des boîtes provient toujours de sources locales. Ainsi, nous faisons en sorte que les avantages du programme se fassent ressentir localement. Ramsey Hart a remarqué une hausse de la participation des gens au programme pendant la pandémie comparativement à l’utilisation de la banque d’alimentation habituelle, ce qui veut dire que les gens qui n’ont jamais eu recours à une banque d’alimentation pourraient être ouverts à l’idée de payer une somme abordable pour des aliments sains plutôt que de les recevoir de façon caritative.
- Conventions d’avantages communautaires et finance sociale
Les conventions d’avantages communautaires constituent des contrats juridiquement contraignants dans le cadre desquels les promoteurs favorisent un certain niveau d’investissement communautaires à mesure qu’ils entreprennent des projets d’infrastructure. Par exemple, ils peuvent faire en sorte qu’un certain pourcentage de logements dans les nouvelles constructions sont abordables; ils peuvent faire connaître les exigences en matière d’embauche pour les groupes sous-représentés (PANDC, femmes et personnes handicapées); et ils peuvent encourager les fournisseurs de fournitures de construction locaux.
Alors que le gouvernement fédéral prévoit d’injecter plus de 187 milliards de dollars de contribuables dans des projets d’infrastructure pour stimuler la reprise économique après la pandémie de COVID19, George Brown dit que les groupes locaux, nationaux et provinciaux exigent la présence de conventions d’avantages communautaires pour planifier de tels projets.
Les conventions d’avantages communautaires le montrent clairement : les initiatives de reprise économique peuvent prioriser les besoins des personnes les plus vulnérables, s’attaquer aux inégalités sociales et en matière de santé; puis de combler les lacunes en matière d’embauche des groupes sous-employés.
« Nous devons obtenir le maximum des avantages. Pour ce faire, nous utilisons des outils comme les politiques d’approvisionnement sociales et des conventions d’avantages communautaires. »
George Brown, Integral North
Avenir
Le travail du groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 vise à établir un profil expliquant comment la pandémie affecte les personnes les plus vulnérables de nos communautés en utilisant des données en temps réel et des histoires d’expériences vécues. En identifiant les secteurs qui nécessitent une attention particulière, nous pouvons recommander des programmes et des partenariats, puis modifier les politiques pour garantir un meilleur avenir pour tous.
La précarité financière comporte d’immenses risques pour plusieurs personnes. Sans réponses adéquates pour une reprise, bon nombre de personnes traverseront des circonstances plus difficiles au fil du temps.
Nous ne manquons pas de solutions audacieuses et créatives pour aider les personnes vulnérables et créer des communautés plus équitables. Notre mission? Collaborer en utilisant un objectif de justice sociale pour améliorer le futur de tous les habitants de nos communautés.
En unissant nos efforts et en nous faisant entendre, nous pouvons faire du futur une réalité.
Au début du mois de mars, Centraide de l’Est de l’Ontario, en partenariat avec Santé publique Ottawa et des douzaines d’organismes du secteur communautaire, a lancé une initiative visant à aider les personnes les plus vulnérables pendant la pandémie de la COVID-19 qui afflige notre région. Ce partenariat nous a permis de résoudre des problèmes locaux, de prioriser les besoins et surtout, de collaborer. Pour en apprendre plus sur les façons d’appuyer l’initiative ou pour obtenir de l’aide de services communautaires, consultez le centraideeocovid19.ca/.