Gina a eu, à plusieurs égards, une enfance simple, à Listuguj, une petite communauté micmac sur la côte Est.
Sa vie était vraiment consommée par les sports; elle faisait de la danse et du patinage artistique de compétition. La rhétorique allosexuelle n’était pas chose commune, et elle n’avait jamais vraiment remis en doute sa sexualité.
« Je supposais que j’allais marier un homme, que j’aurais une clôture blanche et que j’aurais quelques enfants… que ce serait la vie, » dit-elle.
Tout cela a changé lorsque Gina a déménagé à Montréal après ses études secondaires pour poursuivre des études universitaires.
« Je supposais que j’allais marier un homme, que j’aurais une clôture blanche et que j’aurais quelques enfants… que ce serait la vie, » dit-elle.
Pour la première fois dans sa vie, elle était exposée à des gens qui avaient des vies différentes à ce qu’elle connaissait : deux femmes allosexuelles vivaient dans la chambre de dortoir adjacente à la sienne. « J’étais très intriguée par elles, mais je n’arrivais pas à comprendre pourquoi, » explique-t-elle.
En quête de réponses, Gina s’est inscrite à un cours d’études allosexuelles pour étudier la communauté LGBTQ+. « J’ai réalisé que quelque chose manquait à ma vie. Je voulais voir si je faisais peut-être partie de cette communauté, » affirme-t-elle.
C’est pendant ce cours, grâce à une lecture obligatoire assignée à toute la classe, que Gina a appris à propos des gens qui s’identifient comme bispirituels, terme qui a pris naissance en 1996 pour décrire une personne autochtone qui s’identifie tant avec les rôles masculin que féminin. Toutefois, née de sexe féminin et s’identifiant comme femme, Gina n’avait pas vraiment d’affinité avec le terme.
Éventuellement, le parcours d’autodécouverte de Gina l’a plongé dans une grande dépression, ce qui l’a poussé à consulter un guérisseur spirituel. Il l’a mis au courant de la communauté bispirituelle et lui a expliqué que le terme était in terme générique, un peu comme le terme « allosexuel ». « Il m’a montré que même si je tombe amoureuse d’une femme, je peux tout de même détenir ce titre, » dit Gina.
« Pour moi, le terme “bispirituel” est d’avoir une connexion spirituelle et culturelle, tant au mot, qu’à mon chez-moi et qu’à la façon dont je vis ma vie sur Terre. »
Ne connaissant personne étant sorti du placard, Gina était inquiète de révéler sa vraie identité à sa famille et à ses amis. Heureusement, sa mère était à ses côtés en tout temps; elle l’aide à montrer l’exemple pour les générations à venir.
« Ma mère est ma plus grande alliée. Lorsque je suis épuisée de me battre pour les droits et les responsabilités, ainsi que l’inclusion des personnes bispirituelles, elle me rappelle gentiment la nécessité de faire entendre ma voix, plus particulièrement pour les générations à venir. »
La femme de Gina est aussi une grande alliée. Elle lui donne le courage de dire ce qu’elle pense et de demeurer à l’affût des enjeux importants. Elle encourage également Gina à embrasser sa vulnérabilité et à rester elle-même.
« Sans le soutien et l’amour des femmes dans ma famille, et de mon frère, je ne serais probablement pas ici. Ils sont ma source de vie. »
Aller de l’avant
Avant la colonisation, Gina dit que les gens bispirituels occupaient un rôle des plus respectés auprès de la communauté. Ils étaient en mesure de voir les deux sexes de façon équitable. Ils étaient ceux qui allaient de l’avant lorsqu’il y avait des écarts dans la communauté. Les personnes bispirituelles ont occupé les rôles nécessaires, allant de mortuaires à des conseillers matrimoniaux, et ce, peu importe leur sexe.
« Avec la colonisation, un système binaire a été mis en place. Les personnes bispirituelles étaient alors considérées comme “indignes”, » explique Gina.
Aujourd’hui, Gina utilise sa voix pour combattre l’homophobie et la transphobie, toutes deux présentes dans plusieurs communautés autochtones et non-autochtones au Canada. « En partageant nos histoires, nous avons l’occasion de tisser des liens entre nous, dit-elle. Les personnes bispirituelles peuvent commencer à créer des lieux et des cérémonies qui ont du sens pour nos frères et nos sœurs. »
Maintenant à Ottawa, Gina dit qu’elle est fière de vivre dans une ville qui accepte tant la communauté autochtone que la communauté allosexuelle.
« Je crois qu’Ottawa a tout simplement un esprit très ouvert et qu’il s’agit en grande partie de la fière culture autochtone qui y existe. Les organismes communautaires œuvrent ensemble et des activités de rapprochement ont lieu. »
Centraide de l’Est de l’Ontario est fier d’appuyer les programmes qui aident les enfants, les jeunes et les familles LGTBTQ+ sur leur chemin vers la fierté. Nous défendons et appuyons les initiatives en matière de justice sociale de nos communautés dans le but de mettre fin à l’homophobie, la transphobie, la discrimination et les autres enjeux auxquels les personnes LGBTQ+ doivent faire face afin qu’elles puissent réaliser leur plein potentiel.
Appuyons les tout petits pas de la communauté LGBTQ+.