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Une nuit avec de jeunes itinérants d’Ottawa

Lecture de 4 minutes

Ce qui m’inquiétait le plus dans les jours qui ont précédé l’activité de sensibilisation d’Opération rentrer au foyer, soit 24 heures dans la rue contre l’itinérance, était le froid.

À la fin janvier, les températures nocturnes sont souvent de -20 oC ou moins.

Je me suis engagé, de pair avec 25 autres bénévoles et Logement communautaire d’Ottawa (LCO), à passer 24 heures dans la rue auprès des jeunes les plus vulnérables d’Ottawa, soit ceux qui risquent cette situation au quotidien.

 

La semaine précédente

En me préparant, je savais très bien que le mois de janvier avait été très froid à Ottawa.

J’avais fait une liste des articles que j’espérais pouvoir porter : une tuque, plusieurs épaisseurs de vêtements, un molleton, des sous-vêtements longs et un bon manteau. J’avais aussi noté ce que je devais emporter : chauffe-mains, bouteilles thermos, collations et autres vêtements, au cas où j’en aurais besoin. Ma femme avait (sagement) appuyé sur le fait que j’achète de nouvelles bottes d’hiver.

Je savais d’avance que je rencontrerais des gens qui vivent dans l’itinérance, et je me souciais de la façon dont ils percevraient notre groupe. Diraient-ils que nous étions condescendants ou que nous prenions leur expérience à la légère? Nous amassions certes des fonds, mais nous imagineraient-ils comme des « touristes volontaires »?

Ce n’est pas du tout mon intention. En effet, j’ai consacré ma carrière à amasser des fonds pour les causes qui me tiennent à cœur.

À Ottawa, en 2017, plus de 800 jeunes demeuraient dans des refuges.

Saviez-vous que 616 d’entre eux ont dû se rendre dans des refuges pour adultes, car les services propres aux jeunes sont limités? Ils méritent mieux! Plusieurs quittent la maison en raison de problèmes de santé mentale. D’autres la quittent pour fuir un environnement abusif ou malsain. La plupart de ces jeunes ont la chance de connaître une vie meilleure, mais seulement s’ils ont accès aux services de soutien dont ils ont besoin.

Fort de ces réflexions, j’ai rencontré les organisateurs et les autres participants au coin des rues Gloucester et Bank, à 14 h, le jeudi 24 janvier. Nous étions environ 25. Parmi nous se trouvait Eric Bollman, organisateur bénévole de l’activité, qui dort dans la rue chaque année depuis le début de l’activité, il y a 16 ans.

Monsieur Bollman a pris le temps d’accueillir tous les bénévoles et de les remercier de leur participation. Il nous a tous rapidement interrogés en prenant soin de nous demander pourquoi nous participions à l’activité. Certains d’entre nous, notamment moi, avons été pris de court.

Jusqu’à maintenant, personne ne m’avait posé cette question.

Ma nuit dans la rue

Comme nous l’avions anticipé, les températures se sont refroidies progressivement après le coucher du soleil. En une heure, j’avais perdu toute chaleur que pouvaient me procurer mes vêtements et mes bottes : j’étais à l’extérieur, au grand froid. En deux heures, mon visage était un peu insensible.

Certains participants avaient plus de chance que d’autres. Le Royal Oak d’à côté nous offrait une salle de bain pour répondre à nos besoins fondamentaux, mais il était difficile de la quitter, car nous venions tous juste de nous adapter à la chaleur de l’intérieur. Le personnel d’Opération rentrer au foyer nous a fourni le repas à l’extérieur.

La rue Bank est demeurée curieusement éclairée et bruyante tout au long de la nuit. Des camions à benne et des chasse-neige déneigeaient le centre-ville; le convoi sillonnait presque constamment les rues.

Durant la nuit, des jeunes qui étaient autrefois sans-abri, ainsi que d’autres qui le sont actuellement, se sont joints à nous. Pouvoir discuter avec des gens qui ont vécu dans l’itinérance a été un élément important de ma soirée.

Le témoignage des jeunes itinérants m’a permis de réaliser que notre groupe était choyé.

Un jeune homme avec qui j’ai discuté m’a dit qu’il était beaucoup mieux de dormir sur des palettes ou des cartons fournis par LCO que des caisses métalliques ou de la roche. De plus, la proximité d’aliments chauds et gratuits, ainsi que d’une salle de bain, était un sérieux avantage; ce n’est pas quelque chose à quoi ses amis et lui avaient facilement accès.

Tous ceux qui participaient à l’activité, y compris ceux qui avaient déjà dormi à la dure, sont devenus de plus en plus inconfortables à mesure que les heures avançaient.

Le froid s’était plongé dans mes os. Malgré les bottes, les bas et les chauffe-pieds, j’avais de la difficulté à garder mes pieds au chaud. Vers 5 heures du matin, il s’est mis à neiger. Nous étions recouverts de flocons et ceux-ci fondaient dans le col de mon manteau. J’ai décidé de passer les petites heures du matin à marcher sur la rue Bank de long en large pour renouveler la sensation dans mes orteils et réfléchir à mon expérience.

Le lendemain, nous avons rencontré d’autres sans-abri.

Un homme m’a demandé comment il pouvait se trouver une maison, mais je n’avais pas la réponse à cette question. Il m’a confié qu’il était devenu itinérant à l’adolescence, et qu’il n’avait jamais été capable de quitter la rue.

J’ai quitté la rue peu après, me souvenant seulement du fait qu’il semblait avoir froid. Il ne portait qu’un blouson aviateur et des espadrilles; il n’avait ni gants ni tuque.

Vers le milieu de l’après-midi, nous sommes partis chacun de notre côté. Contrairement à ceux qui vivent dans l’itinérance, j’ai été en mesure de retourner dans ma maison très confortable, de prendre une douche et de rencontrer des amis qui étaient impatients de m’accueillir.

Je suis plus reconnaissant pour toutes ces choses qu’auparavant, et je suis plus que jamais convaincu que nous devons en faire plus pour aider les jeunes itinérants d’Ottawa. Je tiens à remercier le personnel d’Opération rentrer au foyer, et souhaite recommander cette expérience à tous ceux qui aimeraient se joindre à eux l’année prochaine. Il s’agit d’une cause formidable et d’une expérience des plus enrichissantes.

Je suis aussi fier de travailler pour un organisme qui appuie le travail d’Opération rentrer au foyer, ainsi que d’autres organismes locaux essentiels qui cherchent à mettre fin à l’itinérance juvénile à Ottawa.

Affrontons ensemble les problèmes sociaux les plus difficiles en cette période des fêtes.

Pauvreté. Sans-abrisme. Problèmes de santé mentale. Isolement social. Ces défis peuvent sembler accablants, mais vous pouvez changer les choses en faisant un don à Centraide.

Faites-le avant le 31 décembre pour recevoir un crédit d’impôt et la TD* doublera généreusement votre contribution! 

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