À quelques jours des élections provinciales, les Centraide de l’Ontario demandent au prochain gouvernement de prendre des mesures concrètes pour prévenir l’itinérance et améliorer les conditions de vie des personnes sans-abri de nos communautés.
Voici un article rédigé par les Centraide, initialement publié par Postmedia :
Selon l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), plus de 81 500 personnes sont itinérantes dans notre province et bon nombre d’entre elles résident dans l’un des 1 400 campements que l’on retrouve souvent dans des espaces publics et des parcs municipaux.
Toutefois, ces sites ne sont pas une solution. Pas pour les gens forcés d’y vivre, les individus du voisinage, ni les municipalités qui peinent à lutter contre le sans-abrisme.
Les partis politiques font face à une dure réalité, car la clé n’est pas une présence accrue du corps policier non plus.
Cela ne remédierait aucunement à la situation, et le démantèlement des campements, sans options de logement viable et de soutien vital, ne met pas fin au sans-abrisme. Il déplace temporairement les gens, les poussant dans des situations encore plus précaires, aggravant ainsi leur instabilité.
Nous avons plutôt besoin de solutions fondées sur des données probantes qui reflètent l’urgence et l’ampleur de la crise du sans-abrisme, ainsi que les défis uniques auxquels les communautés nordiques, rurales et urbaines sont confrontées.
Les Centraide de l’Ontario estiment que la prochaine chefferie de la province doit :
Augmenter le nombre de logements, tant supervisés que de transition
Addictions and Mental Health Ontario (AMHO) estime qu’un logement supervisé coûte 2 200 $ par mois, ou 72 $ par jour, et qu’il assure une meilleure stabilité qu’un lit dans un refuge coûtant 2 083 $, un lit dans un établissement correctionnel représentant 4 300 $, ou même un lit d’hôpital, entraînant des dépenses de 13 500 $!
Bien que ces chiffres varient d’un endroit à l’autre et en fonction du niveau de soutien requis, ils suggèrent que les logements supervisés sont plus efficaces, humanitaires et rentables.
Selon la recherche, chaque tranche de 10 $ investie dans le logement supervisé diminue les frais émanant des soins de santé, des services sociaux et du système judiciaire de 21,72 $. Pourtant, les stratégies de logement ontariennes actuelles ne tiennent pas compte du besoin urgent de logements supervisés, laissant de nombreuses personnes passer par des systèmes de crise qui aggravent leur instabilité. La province doit privilégier les logements supervisés, permanents et peu restrictifs. Elle ne doit pas seulement les considérer comme une obligation morale, mais aussi une solution financière responsable.
Investir de façon durable dans l’offre de services de soins de santé mentale et de dépendance
La stratégie de logement de l’Ontario doit intégrer un continuum de soins de santé mentale, y compris des services de réduction des méfaits, d’intervention en cas de crise et de traitement à long terme, tous fondés sur des données probantes.
Il ne s’agit pas seulement de mesures sociales, mais aussi d’investissements judicieux, en amont, pour conserver des logements et réduire la charge qui pèse sur les services de police, les services d’urgence et le système juridique. Sans services de soutien en matière de santé mentale et de dépendance adéquats, les personnes vivant une situation de crise se retrouvent dans les salles d’urgence, dans les refuges ou derrière les barreaux, sans accès aux soins dont elles ont tant besoin. En renforçant les services de santé mentale communautaires, nous évitons les crises, améliorons les résultats et réduisons notre dépendance aux systèmes coûteux et réactifs.
Affronter les défis distincts de façon novatrice
Les municipalités déboursent des millions de dollars pour expulser les campements sans réduire concrètement le nombre de personnes vivant dans la rue. Les modèles fondés sur l’engagement, moins coûteux et plus efficaces, aident ainsi les gens à passer du mode de survie à celui de la stabilité. C’est notamment le cas du modèle du parc Dufferin Grove, qui donne la priorité à l’établissement de relations et à la prestation de services sociaux plutôt qu’à l’application de la loi, ce qui a donné des résultats prometteurs en matière de transition d’un campement vers un logement.
Selon l’AMO, le taux d’itinérance est plus prépondérant en milieu rural qu’en centres urbains, notamment en raison de la pénurie d’abris, de logements de transition et de services de soutien spécialisés que l’on peut y retrouver.
Heureusement, certaines de ces approches ne sont pas vouées à l’échec. Le programme Heart to Home Bridge Housing du comté de Huron offre un accès facile à un logement de transition, une gestion de cas intensive et des séances de groupe qui appuient un parcours vers un logement stable. Dans le comté de Lanark, une initiative de logement de transition aiguille les gens vers des services, du soutien et des suppléments de loyers. Celle-ci, associée à une expertise médicale et à des services de réduction des méfaits, aide des gens à conserver leur logement.
Voter, c’est à propos de la dignité cette année
Finalement, voter n’a rien à voir avec les campements. Nous le faisons pour aider tous les Ontariens et les Ontariennes à vivre dans la dignité, avec un revenu qui leur permet de combler leurs besoins fondamentaux. Nous le faisons aussi pour augmenter les prestations d’aide sociale, pour que le salaire minimum puisse subvenir aux besoins des gens de sorte qu’ils n’aient pas à vivre dans la rue. Plus de 400 spécialistes du logement sans but lucratif, convoqués par les Centraide et leurs partenaires, le recommandent : il faut protéger les logements abordables actuels et bâtir des logements sans but lucratif et des coopératives d’habitation abordables pour loger les gens.
La prochaine personne à assurer les fonctions de premier ministre de la province devra élever les personnes qui luttent contre la précarité afin qu’elles ne soient pas oubliées. En nous attaquant à la pauvreté et à ses racines, nous éviterons également la hausse des coûts liés aux soins de santé et aux services d’urgence.
La population ontarienne mérite une chefferie qui comprend que le logement est un droit de la personne et que la dignité n’est pas négociable.
– United Way of Bruce Grey; United Way for the City of Kawartha Lakes; United Way Durham Region; Centraide de l’Est de l’Ontario ; United Way Elgin Middlesex; United Way Greater Toronto; United Way Guelph Wellington Dufferin; United Way Haldimand & Norfolk; United Way Halton & Hamilton; United Way Hastings & Prince Edward; United Way Kingston, Frontenac, Lennox & Addington; United Way Leeds & Grenville; United Way Oxford; United Way Niagara; Centraide Nord-est de l’Ontario; United Way Perth-Huron; United Way Peterborough & District; United Way Sault Ste. Marie & Algoma District; United Way Simcoe Muskoka; Centraide Stormont, Dundas & Glengarry; United Way of Thunder Bay; United Way Waterloo Region Communities; et Centraide Windsor-Essex Chatham-Kent