Hélas, la troisième vague de la COVID-19 envahit déjà nos communautés. Nous devons continuer d’offrir notre soutien indéfectible et d’accorder une attention particulière à cette situation sanitaire. En ce faisant, et alors que plus de gens se font vacciner, nous prévoyons un avenir équitable pour tous.
Le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 s’est réuni cette semaine pour discuter de la manière dont les projets de reprise économique, lorsqu’ils tiennent compte de l’innovation sociale, peuvent créer des communautés plus fortes et plus saines au sein de notre région.
Depuis mars 2020, Centraide de l’Est de l’Ontario participe à un groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19, composé de membres des autorités de santé publique, de représentants gouvernementaux, d’agences de services sociaux de première ligne, d’entreprises partenaires et d’autres représentants qui s’engagent à appuyer les personnes les plus vulnérables de nos communautés pendant la pandémie.
En s’inspirant de la conversation sur les occasions d’emploi équitables du mois dernier, des experts de Buy Social Canada (en anglais seulement), du Réseau des avantages communautaires d’Ottawa (autrefois la Coalition des avantages communautaires des plaines LeBreton) et de la Ville d’Ottawa ont expliqué les avantages de la richesse communautaire et de l’innovation sociale aux membres du groupe de discussion.
Par Michael Allen
Président et chef de la direction,
Centraide de l’Est de l’Ontario
Ces chefs de file du secteur ont expliqué la façon dont les agences de services sociaux, les entreprises et les gouvernements peuvent collaborer pour obtenir de meilleurs résultats communautaires, maintenant et dans le futur.
Des représentants des gouvernements municipal et fédéral, comme Ryan Turnbull, député de la circonscription de Whitby; Marie-France Lalonde, députée de la circonscription d’Orléans; et Laura Dudas, conseillère municipale du quartier d’Innes et mairesse suppléante de la Ville d’Ottawa; se sont adressés au groupe de discussion communautaire.
Conséquences régionales du budget fédéral de 2021
Marie-France Lalonde
Députée de la circonscription d’Orléans
Au cours des derniers mois, le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19, auquel nous avons participé en compagnie de nos partenaires, a demandé à tous les ordres de gouvernement de renforcer notre secteur pour continuer de combler les besoins des populations prioritaires.
Marie-France Lalonde, une participante à l’écoute de longue date, a discuté du budget fédéral de 2021 et des façons dont il affectera les différents groupes pendant la pandémie.
Celui-ci envisage une perspective d’équité qui comprend les défis sociaux chroniques exacerbés par la COVID-19. En effet, les personnes autochtones, les membres des communautés noires ou racialisées, les femmes, les personnes handicapées, les membres des communautés LGBTQ+, les personnes âgées et les jeunes pourront constater une augmentation des services de soutien inclusifs à court terme.
Nous sommes ravis de voir que le budget fédéral de 2021, qui accordera 400 millions de dollars à la reprise économique dans le secteur caritatif, comprend un si grand nombre des recommandations que nous avons formulé dans notre appel au gouvernement. Nous avons mis en évidence les faits saillants du budget qui, selon les données, les histoires vécues et les réussites des programmes, correspondent aux recommandations du groupe de discussion communautaire.
Politique publique et richesse communautaire
« Ce portrait doit resserrer les liens des “tissus sociaux” de notre région de sorte à concrétiser la réussite des entreprises sociales. »
— Ryan Turnbull, député de la circonscription de Whitby
La création de richesses communautaires (en anglais seulement) décuple le pouvoir des industries et des entreprises de sorte à créer des communautés équitables et vibrantes pour tous. Grâce à des outils comme l’approvisionnement social (en anglais seulement) et les entreprises sociales, la richesse communautaire priorise la santé et le bien-être des populations mal desservies.
Ryan Turnbull est un champion dans le domaine de l’innovation sociale. Cet ancien entrepreneur a travaillé avec plus de 250 entreprises sociales pour créer des modèles d’entreprise équitables et durables. En plus d’expliquer les avantages des entreprises sociales aux membres du groupe de discussion, il a énoncé comment le gouvernement fédéral pouvait ouvrir la voie.
Comment peut-on assurer la réussite des entreprises sociales?
Au Canada, plus de 1 300 entreprises sociales ont fait partie du sondage mentionné dans le Canadian National Social Enterprise Sector Survey Report (Rapport sur le Sondage du secteur des entreprises sociales nationales canadiennes – en anglais seulement) de 2016. Des centaines d’entreprises sociales, déjà établies dans nos communautés, ont souvent besoin d’une infrastructure financière et du soutien des entreprises pour réussir.
Les entreprises sociales doivent avoir accès au capital, tirer parti du renforcement des communautés (pour promouvoir la croissance et l’adaptation), profiter d’occasions d’apprentissage (pour promouvoir l’innovation) et nouer des liens avec divers partenaires qui peuvent investir dans l’entreprise et s’engager dans sa réussite, comme n’importe quelle autre entreprise le ferait.
Quel est le rôle du gouvernement dans ce portrait?
La création de richesse communautaire est une approche au développement économique participatif qui permet le réinvestissement dans l'économie locale et qui donne pouvoir avantages aux populations locales.
L'approvisionnement social permet d'évaluer la valeur sociale d'un achat comme on le ferait, entre autres, pour évaluer le prix, la qualité et la provenance du produit.
Une entreprise sociale est un organisme qui incorpore ses objectifs sociaux, culturels et environnementaux à sa mission.
Dans une page en regard de l’éditorial (en anglais seulement) publié sur son site Web, Ryan répond au besoin d’un approvisionnement public durable et explique comment le gouvernement fédéral peut donner l’exemple :
« [Traduction libre] Selon moi, l’une des orientations politiques les plus opportunes et prometteuses que le gouvernement fédéral peut prendre est d’assurer, selon nos valeurs, l’achat de biens et de services. C’est ce qu’on appelle un approvisionnement public durable. Le gouvernement fédéral dépense de 10 à 20 milliards de dollars chaque année pour des biens et des services, exerçant ainsi un important pouvoir d’achat. Le Canada, qui constitue l’un des plus importants pays à titre de consommateur, a le pouvoir d’envoyer au marché un message clair sur nos décisions d’achat.
Nous devons rattacher les chaînes d’approvisionnement intérieures du Canada tout en assurant leur résilience et leur durabilité non par le protectionnisme qui tourmente parfois ces dialogues, mais plutôt par les préoccupations liées à l’approvisionnement de base, notamment lorsque les frontières pourraient être fermées et que les relations commerciales internationales s’assombrissent en raison d’un approvisionnement limité. »
Compréhension de la valeur sociale des marchés
David LePage de Buy Social Canada (en anglais seulement) a donné un aperçu du concept de la valeur sociale du marché (en anglais seulement). Ce cadre de travail vise à créer une richesse communautaire en accordant la priorité aux gens plutôt qu’au profit, et en se concentrant sur des assises principales de la croissance économique, soit la durabilité et l’équité.
Lors de l’achat et de la vente de biens et de services, nous échangeons des valeurs sur le marché. Le volet d’approvisionnement comprend des marchands, des entreprises privées et des entreprises sociales. Le volet de la demande, quant à lui, comprend des acheteurs et des consommateurs – des gens, des entreprises, des établissements phares (universités, hôpitaux et musées) et le gouvernement.
David LePage
Buy Social Canada
« Nous tentons de créer une valeur sociale du marché. Pour créer une richesse communautaire, nous devons modifier le cadre de travail que nous utilisons pour le marché. »
— David LePage, associé directeur, Buy Social Canada
Les modèles commerciaux autochtones utilisés avant la colonisation constituaient des marchés à valeur sociale. Ces modèles privilégiaient les transactions donnant-donnant, d’une communauté à une autre, sans donner la priorité aux profits. Malheureusement, la colonisation a éradiqué plusieurs modèles commerciaux traditionnels avec l’instauration d’un système économique capitaliste. Ce système est axé sur les profits, et privilégie la richesse personnelle au lieu du bien-être de la communauté.
Nos marchés capitalistes actuels ont engendré des enjeux socioéconomiques complexes, comme l’isolement social, les défis en matière d’emploi, l’itinérance, l’amélioration des compétences et l’insécurité alimentaire.
La solution en matière d’approvisionnement d’un marché à valeur sociale est sans aucun doute l’entreprise sociale, car la majorité des profits sont réinvestis dans la mission sociale de l’entreprise. Voici certains exemples d’entreprises sociales au sein de nos communautés :
- EcoEquitable (en anglais seulement) et BottleWorks (en anglais seulement) qui font fructifier le capital humain par l’amélioration des compétences et l’emploi;
- Accès linguistique à Ottawa augmente le capital culturel en préservant, améliorant et partageant les arts et la culture de la région;
- Krackers Katering (en anglais seulement) augmente le capital culturel au moyen de l’inclusion sociale et en entretenant des relations.
Engagement en matière d’approvisionnement social
Les entreprises sociales règlent le problème de l’approvisionnement. L’approvisionnement social est donc une solution pour le volet d’approvisionnement des marchés à valeur sociale.
Chaque achat a une incidence économique, environnementale et sociale. Lorsque nous privilégions le meilleur rapport qualité/prix et que nous incorporons des concepts au processus d’achat (comme la diversité de la chaîne d’approvisionnement, les propriétaires en mal d’équité ou le développement de la main-d’œuvre pour les sous-employés), les transactions financières deviennent un outil de création de communautés saines.
Jennifer McCabe
Ville d’Ottawa
« L’approvisionnement social nous permet d’adopter une stratégie de valeur sociale plus intentionnelle pour nos processus d’approvisionnement. »
— Jennifer McCabe, conseillère en approvisionnement, Ville d’Ottawa
Jennifer McCabe est conseillère en approvisionnement auprès de la Ville d’Ottawa. Elle a précisé deux façons d’intégrer l’approvisionnement social aux modèles actuels de la Ville d’Ottawa :
- Amorcer un processus d’approvisionnement directement avec des petites entreprises, des entreprises sociales et des entreprises ayant plusieurs propriétaires. Pour ce faire, la Ville recommande de modifier les règlements en matière d’approvisionnement, de remodeler le matériel de formation sur l’approvisionnement et de développer une stratégie de communication qui aide à déterminer les organisations à valeur sociale.
- Favoriser l’essor des fournisseurs de la Ville en investissant dans des résultats communautaires positifs, comme l’inclusion des entreprises à impact social aux chaînes d’approvisionnement. Pour ce faire, la Ville recommande d’utiliser des outils comme le Buy Social Canada’s Social Value Menu (en anglais seulement) pour évaluer la valeur sociale des entreprises.
Jennifer mentionne que la création d’un réseau d’entreprises à vocation sociale et d’autres services municipaux est essentielle. Cette étape aidera à cerner les obstacles auxquels les organisations font face, lorsqu’elles mettent à terme leur processus d’approvisionnement et qu’elles améliorent leur stratégie d’approvisionnement social.
Pouvoir des ententes sur les avantages communautaires
Martin Adelaar du Réseau des avantages communautaires d’Ottawa, a présenté un aperçu des ententes sur les avantages communautaires et expliqué la façon dont son organisme en a tiré parti pour créer des communautés plus fortes dans la ville d’Ottawa.
Les ententes sur les avantages communautaires sont juridiquement contraignantes; elles comprennent généralement des membres de la communauté, des promoteurs d’infrastructure et des gouvernements. Elles assurent des résultats socioéconomiques positifs lors des activités d’aménagement d’infrastructures ou de construction. À la base, les ententes sur les avantages communautaires permettent aux communautés d’avoir leur mot à dire sur les projets de réaménagement et sur leurs résultats.
« [Les ententes sur les avantages communautaires] offrent une gamme de superbes modèles à valeur sociale ajoutée, tant au Canada qu’à l’étranger. Elles permettent de penser différemment et de devenir des chefs de file novateurs en matière de valeur sociale. »
— Martin Adelaar, membre du comité directeur, Réseau des avantages communautaires d’Ottawa
Martin Adelaar
Réseau des avantages communautaires d’Ottawa
Les ententes sur les avantages varient d’une communauté à l’autre, et ce, en fonction de leurs besoins. Les résultats des projets de réaménagement peuvent comprendre ce qui suit :
- programmes de préparation à l’emploi et d’embauche prioritaire pour les groupes en quête d’équité;
- approvisionnement social de biens et de services offerts par des entreprises sociales pendant le réaménagement;
- exigences en matière de logements abordables et durables à satisfaire pendant le projet de réaménagement;
- exigences communautaires à satisfaire pendant le projet de réaménagement, comme des parcs, des bibliothèques et des fournisseurs de services sociaux.
Le Réseau des avantages communautaires d’Ottawa a préconisé la mise en place d’une entente sur les avantages communautaires pour les plaines LeBreton, qui maximisera les avantages économiques et sociaux de la communauté à mesure que le projet de réaménagement est mené à terme. Le réseau se concentrera ensuite sur d’autres projets de grande envergure, comme le nouveau projet Civic de l’Hôpital d’Ottawa et la Bibliothèque centrale d’Ottawa.
Avenir
Au cours des 12 derniers mois, le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 a mis ses ressources en commun, a partagé des données et a obtenu les commentaires de ceux qui ont vécu de telles expériences. Il a aussi parlé d’une seule voix pour relever les défis sociaux auxquels nos communautés doivent faire face. Ce groupe a préconisé, réimaginé et financé des programmes, des partenariats et des changements politiques pour combler les grands besoins auxquels les personnes les plus vulnérables doivent faire face.
Cette pandémie est loin d’être terminée, et elle entraînera des répercussions pour de nombreuses années à venir. Nous devons maintenant penser aux façons dont nous pourrons bâtir un avenir plus prospère pour tous. Voici nos principales recommandations permettant de mieux jeter les bases d’une reprise économique équitables :
- faciliter la collaboration entre les gouvernements, les services sociaux et les autres secteurs pour tirer parti de notre expertise pour planifier le travail, prendre des décisions relatives au financement et créer des espaces propices à l’innovation;
- collaborer avec tous les ordres de gouvernement pour favoriser l’essor des initiatives de richesse communautaire, comme les modèles d’approvisionnement social, les entreprises sociales et les ententes sur les avantages communautaires;
- demander à tous les ordres de gouvernement d’utiliser leurs services et leurs systèmes en vue d’une reprise économique équitable.
Nous continuons d’intervenir pendant la pandémie et retroussons nos manches pour amorcer une reprise plus équitable, juste, diversifiée et inclusive pour tous. Nous savons que nous n’avons pas besoin de privilégier l’un au détriment de l’autre : nous pouvons les effectuer simultanément, et ce, dans le plus grand intérêt de nos communautés. Grâce aux leçons que nous avons apprises l’année dernière et à nos ressources, nous pouvons aller de l’avant.
Au début du mois de mars, Centraide de l’Est de l’Ontario, en partenariat avec Santé publique Ottawa et des douzaines d’organismes du secteur communautaire, a lancé une initiative visant à aider les personnes les plus vulnérables pendant la pandémie de la COVID-19 qui afflige notre région. Ce partenariat nous a permis de résoudre des problèmes locaux, de prioriser des besoins et surtout, de collaborer. Pour en apprendre plus sur les façons d’appuyer l’initiative ou pour obtenir de l’aide de services communautaires, consultez notre site Web à centraideeo.ca/covid-19.