« Nous savons que la deuxième vague de la pandémie est à notre porte : nous la vivons maintenant. »
La deuxième vague de la pandémie approfondit les épineux problèmes de santé mentale et de toxicomanie qui affectent nos communautés depuis les huit derniers mois.
Selon Santé publique Ottawa, en octobre 2017, 9 % des résidents de la ville ont perçu leur santé mentale et émotionnelle comme passable ou mauvaise. En octobre 2020, ce pourcentage était de 40 %. De plus, selon le 211, le nombre d’appels auxquels les lignes d’écoute téléphoniques ont donné suite a grimpé de 114 % en novembre 2020, comparativement à l’année dernière.
Santé publique Ottawa, le Centre de détresse d’Ottawa et la région et le 211 ont tous entendu dire que les gens se sentent plus isolés et seuls depuis le début de la pandémie. En effet, la santé mentale des membres de nos communautés s’affaiblit, ce qui taxe les services de santé mentale disponibles.
By Michael Allen
President and CEO,
United Way East Ontario
« Notre système de services de santé mentale et de toxicomanie était déjà très sollicité avant la pandémie. Nos programmes sont à pleine capacité et ont déjà des listes d’attente. En outre, les temps d’attente sont 26 % plus long depuis le début de la pandémie. »
— Deirdre Speers, Réseau des services de santé mentale du district de Champlain
Nous pouvons être à la hauteur de toute situation de crise.
Les agences ont amélioré et adapté leurs services en matière de santé mentale. Elles ont de plus collaboré pour s’assurer que les services disponibles aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale et de toxicomanie sont édifiés sur de solides fondations. La pandémie a incité les agences à l’action : elles offrent leurs services en ligne, elles sensibilisent mieux les communautés marginalisées et elles aident les travailleurs de première ligne à risque d’épuisement professionnel.
Effort communautaire
Au début du mois de mars, avant la propagation de la COVID-19 au sein de nos communautés, Santé publique Ottawa a demandé à Centraide de l’Est de l’Ontario de travailler avec des agences de services sociaux locales pour répondre aux besoins de nos communautés.
Depuis, Centraide de l’Est de l’Ontario a réuni le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19, doté d’autorités de santé publique, de municipalités, d’agences de première ligne, de partenaires du secteur privé et de représentants élus de tous les ordres du gouvernement. Ceux-ci, ainsi que de nombreuses autres personnes, aident les gens à pallier les répercussions de la COVID-19.
Cette semaine, le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 s’est concentré sur un aspect en particulier : soutenir l’innovation dans le domaine de la santé mentale pendant la pandémie et dans le futur.
Collaboration régionale donnant lieu à des pratiques exemplaires et à une innovation ingénieuse
Au début de la pandémie, les services communautaires en matière de santé mentale se sont rapidement mobilisés pour lancer Counseling on connecte, avec le soutien de la Fondation communautaire d’Ottawa et de Centraide de l’Est de l’Ontario.
Counseling on connecte est un outil en ligne qui aide les gens à accéder facilement aux services de soutien en matière de santé mentale et de toxicomanie. Le site Web permet aux gens de prendre un rendez-vous pour obtenir du counseling le jour-même ou le lendemain. En coulisse, le système cultive des liens entre 15 agences de santé mentale locales de sorte que les clients puissent rapidement communiquer avec les services qui correspondent le plus à leurs besoins.
Depuis le mois de mai, Counseling on connecte a accordé plus de 3 300 rendez-vous à ses clients de 2 à 95 ans, concentrant ses services de soutien sur les enfants, les jeunes, les adultes, les aînés et les personnes autochtones.
Counseling on connecte renforce de plus ses services pour offrir des soins personnalisés aux membres des communautés africaines, antillaises et noires, ainsi que de la communauté LGBTQ+.
Greg Lubimiv, du Phoenix Centre for Children and Families (établi dans le comté de Renfrew) collabore avec le Réseau des Services de santé mentale du district de Champlain pour assurer la prestation de services en matière de santé mentale de qualité pendant la pandémie et dans le futur. Plusieurs services sont actuellement offerts en ligne; ils ont dû tout prendre en considération pour réussir et relever des défis.
Grâce au Fonds de soutien communautaire d’urgence et Centraide, Greg et son équipe ont maintenu la collaboration pour résoudre des problèmes liés aux sujets suivants :
- Plateformes : Nous aidons les fournisseurs de services à choisir une plateforme virtuelle rentable qui correspond à leurs besoins et qui répond à leurs exigences en matière de sécurité et de confidentialité.
- Technologie : Nous aidons à remettre de l’équipement entre les mains d’organisations qui ne sont pas en mesure d’offrir leurs services à distance. Nous nous assurons également que les clients ont accès aux outils appropriés pour participer à leurs rendez-vous virtuellement.
- Pratiques exemplaires : Entre autres, nous respectons des normes de soins acceptables et des normes de confidentialité; nous offrons une documentation cohérente; nous nous occupons de dossiers difficiles; et nous offrons des services de façon efficace aux clients non-verbaux.
- Formation : Nous enseignons aux fournisseurs de services et aux clients comment utiliser les plateformes et comment s’occuper virtuellement des clients qui ont des besoins plus grands. Le site Web comprend des séances de formation visant à répondre aux défis communs.
« Les soins virtuels ne sont pas qu’une option de rechange à choisir; ils doivent faire partie intégrante des services que nous offrons sur une base continue. Nous devons continuer d’offrir des soins virtuels après la COVID. »
— Greg Lubimiv
Réseaux locaux coordonnant et simplifiant des services de soutien pour enfants et familles
« Les problèmes de santé mentale et de toxicomanie chez les enfants et les jeunes de notre région sont de plus en plus complexes. » — Joanne Lowe
Les enfants avant tout est une équipe de santé novatrice, appuyée par le ministère de la Santé de l’Ontario. Elle mobilise le plus grand nombre de fournisseurs de services en matière de santé pour les enfants et les jeunes de l’est de l’Ontario.
L’équipe existait avant la pandémie; le réseau en place a permis d’aborder rapidement les problèmes en constante évolution évoqués par la COVID-19. Joanne Lowe (vice-présidente, santé mentale et toxicomanie du CHEO et directrice exécutive du Bureau des services à la jeunesse) a partagé certains de ces problèmes :
- Ouverture d’un centre d’isolement pour les jeunes itinérants (en anglais seulement);
- Création d’un programme de répit à domicile pour les enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme;
- Lancement de l’initiative « un appel/un clic ».
Souvent, le système n’aide pas les enfants aux prises avec de sérieux problèmes de santé mentale.
L’initiative « un appel/un clic » crée un point d’accès unique au système de soins en santé mentale et en toxicomanie dans l’est de l’Ontario. Son objectif? Offrir un accès plus rapide aux services virtuels, et ce, en un appel/un clic. L’initiative comprend une option de « jumelage de services », qui donne la possibilité de communiquer avec un coordonnateur de soins, au besoin, ainsi qu’à des services de soutien pour pairs et famille. L’initiative verra le jour au printemps.
« Les enfants et les adolescents de notre région attendent trop longtemps les services de santé mentale et de toxicomanie dont ils ont besoin, et c’est en partie car il est difficile de déterminer comment accéder au service qui leur convient. »
— Joanne Lowe
Accès équitable et inclusif aux services de santé mentale pour la communauté noire
Les communautés africaines, antillaises et noires souffrent de préjudices physiques, sociaux, mentaux et émotionnels à cause du racisme antinoir dans les systèmes de santé et de santé mentale. Étant donné les conséquences de cette oppression historique, les membres de la communauté noire sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, d’être exclus socialement, d’avoir de la difficulté à améliorer leurs résultats scolaires et de ne pas avoir accès à des services culturellement appropriés.
« Notre communauté s’est chargée d’un fardeau supplémentaire cet été, soit la violence hautement politisée contre les personnes de race noire. Les mouvements locaux et internationaux Black Lives Matter (La vie des Noirs compte) a mis en relief la violence, les traumatismes et la douleur auxquels les personnes de race noire doivent faire face. »
— Suzanne Obiorah
Il est important de maîtriser les facteurs de stress en santé mentale auxquels les résidents de race noire font face, et de comprendre que le système en place pourrait ne pas combler adéquatement leurs besoins :
- Après avoir interagi avec des fournisseurs de soins en santé mentale, nous avons appris que 56 % des répondants ont qualifié le service de passable, mauvais ou très mauvais, notamment en raison de la mauvaise attitude du fournisseur, d’un manque de compétences culturelles, de racisme ou de discrimination.
- Les Canadiens de race noire sont 60 % plus susceptibles de demander de l’aide pour un épisode dépressif majeur que leurs contreparties de race blanche. (en anglais seulement)
- De plus, 60 % des gens de race noire ayant participé au sondage sont plus ouverts à l’idée d’obtenir de l’aide pour peurs problèmes de santé mentale si le professionnel est de race noire.
Marie Remy, fondatrice de la Fondation Fabiola’s Addiction and Mental Health Awareness and Support (FAMHAS), rendant hommage à sa sœur, a expliqué comment la communauté noire a commencé à demander accès aux services en matière de santé mentale pendant la pandémie. (en anglais seulement)
À la mi-septembre, la FAMHAS a lancé une initiative en santé mentale axée sur les besoins des communautés africaines, antillaises et noires. La Fondation a obtenu 445 demandes de counseling en santé mentale gratuites; celles-ci ont été offertes par 17 fournisseurs de services à la communauté noire d’Ottawa.
« Les gens veulent aider et nous avons besoin d’aide. Nous sommes prêts à obtenir des services de professionnels appropriés, car nous devons combler des besoins précis. »
— Marie Remy
Suzanne Obiorah, directrice des soins primaires et des programmes régionaux du Centre de santé communautaire Somerset Ouest (CSCSO) a expliqué comment la Ottawa Black Mental Health Coalition (Coalition de soins de santé à Ottawa pour la communauté de race noire) a conçu des stratégies visant à normaliser les discussions propres à la santé mentale et à répondre à des besoins précis. Par conséquent, la priorisation d’espaces d’apaisement communautaire; la cueillette de données axées sur la race; la mise en œuvre d’un programme de formation antiracisme et anti-oppression pour les professionnels en santé mentale; et l’embauche d’un plus grand nombre de professionnels de race noire aideront la communauté noire à tirer parti de services en matière de santé mentale.
La coalition a également réalisé d’importants jalons visant à réduire le fardeau en matière de santé mentale chez les personnes de race noire pendant la COVID-19, y compris :
- des séances de counseling gratuite, offertes par des psychothérapeutes des communautés africaines, antillaises ou noires;
- des activités de sensibilisation de quartiers, des vérifications de bien-être, des livraisons de nourriture, des trousses d’isolement et une ligne d’écoute téléphonique multilingue;
- l’embauche de travailleurs à l’intervention d’urgence des communautés africaines, antillaises et noires par le CSCSO (pendant la COVID-19) et ce, grâce à une subvention de Centraide – ces travailleurs offrent du soutien par téléphone, gèrent des cas, offrent des séances de santé et de bien-être virtuelles, ainsi que des séances de counseling à court terme;
- l’implication du chef spirituel lorsque vient le temps de discuter des problèmes de santé mentale avec la congrégation;
- le suivi d’une formation antiracisme par les professionnels en santé mentale;
- l’embauche de plus de professionnels en santé mentale de race noire;
- la codirection d’une stratégie antiracisme avec le Centre de toxicomanie et de santé mentale.
« Nous avons appris d’efforts communs, de subventions et d’investissements, ainsi que de programmes d’intervention rapide; nous pouvons atténuer la détresse mentale; nous pouvons redonner espoir; et nous pouvons appuyer le rétablissement [de la communauté]. »
— Suzanne Obiorah
Travailleurs de première ligne à risque d’épuisement professionnel et de souffrir de problèmes de santé mentale
À mesure que la pandémie se poursuit, les travailleurs de première ligne se préoccupent de plus en plus de l’épuisement professionnel. Les situations de crise peuvent généralement être la cause d’une détresse persistante, d’un stress lié au traumatisme, de dépression et d’anxiété chez les travailleurs de première ligne; ces sentiments ne sont pas différents à cause de la pandémie.
« Les travailleurs de première ligne disent qu’ils ont tendance à baisser la tête et à travailler. Ils ne pensent pas à ce qu’ils ressentent, et ne demande pas d’aide. » — Dre Melanie Willows
Dre Melanie Willows, du Centre de santé mentale Le Royal Ottawa, et Genevieve Arturi, de l’Hôpital général de Hawkesbury et district, ont discuté d’une collaboration provinciale ayant donné naissance, en mai 2020, au Service de mieux-être du personnel en première ligne (COVID-19) de l’Ontario, dirigé par Le Royal Ottawa.
Il s’agit d’un service numérique simple et rapide pour les travailleurs de première ligne. Il leur permet de communiquer avec un professionnel de la santé, qui évalue les besoins du travailleur et les aiguille vers les soins de santé mentale appropriés. Ainsi, les travailleurs de première ligne demeurent en santé et continuent de prendre soin des habitants de notre région.
Recommandations pour le futur
Le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 a pour but d’adresser l’incidence désastreuse de la COVID-19 sur nos communautés et de trouver des solutions collaboratives. Cameron Ketchum, directeur des initiatives communautaires de Centraide de l’Est de l’Ontario, a consigné les efforts en matière d’investissement, de défense d’intérêts et de coordination nécessaires pour renforcer, à long terme, les soins dans la communauté :
- Coordonner un modèle de financement durable qui satisfait aux besoins aigus en matière de santé mentale et qui renforce la collaboration active entre bailleurs de fonds et fournisseurs de services.
- Préconiser une meilleure disponibilité des ressources technologiques pour les fournisseurs de services en matière de santé mentale de sorte qu’ils offrent des soins virtuels de façon permanente.
- Renforcer une bonne coordination des services pour permettre aux clients d’accéder de façon continue aux systèmes de santé mentale, et ce, après la pandémie.
- Reconnaître la nécessité d’être flexible avec le financement d’urgence, qui doit être utilisé au plus tard le 31 mars 2021. Celui-ci permet aux agences de première ligne de prévoir pour les défis de santé mentale qui durent plus longtemps.
- Assurer la prestation de services en matière de santé mentale culturellement appropriés aux communautés démesurément affectées par la COVID-19, comme les membres des communautés africaines, antillaises, noires et autochtones.
- Ces services doivent demeurer une priorité à long terme pour le secteur de la santé mentale; ces groupes doivent avoir la possibilité d’effectuer activement des adaptations en matière de services pour mieux répondre aux besoins.
- Ces services doivent demeurer une priorité à long terme pour le secteur de la santé mentale; ces groupes doivent avoir la possibilité d’effectuer activement des adaptations en matière de services pour mieux répondre aux besoins.
- Reconnaître et aborder les risques d’épuisement professionnel chez les travailleurs de première ligne (employés et bénévoles). Ceux-ci pourraient avoir une incidence sur la prestation des services dans l’ensemble de nos communautés.
Chemin à parcourir
Centraide de l’Est de l’Ontario et ses partenaires du groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 s’engagent à affronter les importants défis en santé mentale auxquels notre région fait face. Nous sommes plus forts en intégrant nos services, en collaborant et en obtenant des résultats positifs pour les personnes dans le besoin.
Le secteur de la santé mentale et de la toxicomanie a fait preuve de vitesse, d’innovation et d’une orientation-client pointue au cours des huit derniers mois, et ce, en créant un système plus fort que jamais.
Nous vivons un moment crucial : nous devons assurer la prestation de ces services réussis à long terme pour améliorer nos communautés diversifiées.
Au début du mois de mars, Centraide de l’Est de l’Ontario, en partenariat avec Santé publique Ottawa et des douzaines d’organismes du secteur communautaire, a lancé une initiative visant à aider les personnes les plus vulnérables pendant la pandémie de la COVID-19 qui afflige notre région. Ce partenariat a permis de résoudre des problèmes locaux, de prioriser les besoins et surtout, de collaborer. Pour en apprendre plus sur les façons d’appuyer l’initiative ou pour obtenir de l’aide de services communautaires, consultez notre site Web à centraideeo.ca/covid-19.