Depuis le début de la pandémie, les autorités de santé publique offrent bon nombre de conseils et de recommandations sur les façons de se protéger physiquement de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Nous savons toutefois à quel point il est important d’aborder les problèmes de santé mentale de la communauté en cette situation sans précédent.
Environ le deux-tiers des Ontariens (67 %) estiment que la COVID-19 a une incidence grave et à long terme sur leur santé mentale, et que près du trois-quarts des Ontariens (74 %) ont constaté une augmentation de leurs problèmes de santé mentale et de toxicomanie depuis le début de la pandémie. (site Web en anglais seulement)
Nous savons que la COVID-19 a une incidence importante et durable sur chacun d’entre nous, mais que ceux aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie souffrent encore plus, seuls entre quatre murs : ils sont déconnectés des réseaux de soutien habituels.
Depuis plusieurs semaines, Centraide de l’Est de l’Ontario participe à un groupe de discussion avec des autorités de santé publique, des municipalités, des agences de services sociaux de première ligne, des partenaires commerciaux et plusieurs autres intervenants. Tout comme nous l’avons fait par le passé avec nos communautés, nous sommes venus en aide aux réfugiés de la crise en Syrie, aux victimes des tornades de 2018 et aux victimes des inondations de 2019. En effet, nous travaillons de façon acharnée pour appuyer les personnes les plus vulnérables en cette période sans précédent.
Depuis environ deux mois, nous respectons les normes d’éloignement physique établies par les autorités de santé publique. Depuis, bon nombre d’organismes de santé mentale et de toxicomanie offrant des services en personne ont dû fermer leurs portes ou passer à des modèles virtuels. Toutefois, ceux-ci pourraient ne pas répondre aux besoins de leurs clients.
Michael Allen
Président et chef de la direction,
Centraide de l’Est de l’Ontario
Sans modèles de soutien traditionnels, comme les thérapies de groupes et le counseling individuel, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale et de toxicomanie sont plus à risque de se replier sur eux-mêmes, de s’automutiler ou même de se suicider.
Notre groupe s’est réuni à nouveau cette semaine pour entendre les représentants du Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) de Champlain, Deirdre Speers des Services à la famille Ottawa, John Hoyles du Centre d’information communautaire d’Ottawa (211), Charles Laframboise du Distress Centre of Ottawa and Region (site Web en anglais seulement), Michael Maidment de La Banque d’alimentation d’Ottawa, ainsi que Greg Lubimiv du Phoenix Centre for Children and Families.
Ces chefs de file ont partagé avec nous les défis uniques auxquels les personnes souffrant de problèmes de santé mentale et de toxicomanie doivent faire face. Ils nous ont également expliqué comment nous pouvons trouver, ensemble, des solutions créatives pour les aborder.
Des représentants élus municipaux, fédéraux et provinciaux, comme Michael Tibollo, ministre associé délégué au dossier de la Santé mentale et de la Lutte contre les dépendances en Ontario; Marie-France Lalonde, députée fédérale de la circonscription d’Orléans; Jeremy Roberts, député provincial de la circonscription for Ottawa-Ouest—Nepean et adjoint parlementaire au ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires; et Laura Dudas, conseillère municipale du quartier Innes et mairesse suppléante de la Ville d’Ottawa; ont également participé à la rencontre de cette semaine. Ces représentants se sont engagés à appuyer le travail du groupe de discussion, à fournir des ressources lorsqu’approprié, et à aborder les problèmes avec les bons canaux gouvernementaux pour mieux les résoudre.
Les besoins sont complexes et multiformes.
Notre santé mentale, tout comme notre santé physique, peut s’aggraver à n’importe quel moment. Les problèmes de santé mentale ne s’atténuent pas du jour au lendemain : ils nécessitent temps, soins et soutien individualisé.
Les difficultés cumulées actuelles, comme les coupures d’emploi, l’insécurité alimentaire, le soutien d’enfants d’âge scolaire étudiant en ligne, et les soins prodigués à un membre de la famille âgé et vulnérable, ne constituent que certains des problèmes clés soulevés au cours des deux derniers mois; ces problèmes sont plus graves que jamais.
Si nous ajoutons les problèmes de santé mentale ou de toxicomanie à l’isolement, à la solitude et à la limite d’accès aux stratégies d’adaptation habituelles, nous pouvons mieux comprendre les raisons pour lesquelles nos services de santé mentale et de réhabilitation (toxicomanie) sont si importants ces temps-ci.
Plusieurs organismes sont passés à une plateforme en ligne et à distance, mais cette méthode ne convient pas à tous. Effectivement, bon nombre de personnes n’ont pas le privilège de la vie privée à la maison, ce qui les empêche d’accéder discrètement et confidentiellement aux services de soutiens professionnels dont elles ont besoin. De plus, les personnes vivant dans la pauvreté et les personnes âgées n’ont pas la technologie nécessaire pour obtenir un soutien de cette façon.
Les dirigeants d’organismes en matière de santé mentale s’attendent à ce que le paysage de celle-ci se chamboule avec le temps.
La santé englobe la santé mentale.
Charles Laframboise, représentant du Distress Centre of Ottawa and Region, mentionne que dans une situation où la peur et l’incertitude règnent, la première étape du protocole d’intervention du centre est de fournir des renseignements aux appelants et de les aiguiller vers les fournisseurs de services appropriés.
Nos communautés ont appris à s’adapter à cette nouvelle façon de vivre. Toutefois, les appelants sont plus anxieux et stressés, notamment parce que l’on mentionne constamment la pandémie dans l’actualité, dans les médias sociaux, ainsi que dans la plupart des conversations de tous les jours. La santé mentale de notre communauté fait l’objet de pressions croissantes et constantes.
La Banque d’alimentation d’Ottawa a constaté une augmentation dans la demande de ses services de 528 % d’un exercice à l’autre : les gens ont besoin de nourriture, ce qui veut dire que les pressions exercées sur les besoins fondamentaux ont sans doute une incidence sur la santé mentale. John Hoyles indique que plus de gens (55 %) ont communiqué avec le 2-1-1 pour obtenir de l’aide entre les mois de février et d’avril.
À mesure que les semaines s’écoulent, les besoins deviennent de plus en plus complexes. Les gens sont de plus en plus stressés et ils demandent souvent de l’aide pour plusieurs problèmes.
Les listes d’attentes pour obtenir des services en matière de santé mentale sont de plus en plus longues, et avec le retour à la normale, nous verrons l’arrivée d’une deuxième vague de gens dans le besoin. En effet, les répercussions de la COVID-19 affectent de plus en plus les gens. Nous devons faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte.
Unissons nos forces.
Nos communautés sont plus efficaces lorsqu’elles unissent leurs forces; nous avons constaté à quel point elles sont ici, avec cœur, les unes pour les autres, pendant cette crise communautaire.
"Une partie de nous joue un rôle important dans le secteur de la santé mentale; nous cherchons des solutions qui nous permettent d’aider les gens à continuer d’aller de l’avant. La santé englobe la santé mentale. On ne peut être en santé sans elle.”
L'hon. Michael Tibollo, Ministre associé délégué au dossier de la Santé mentale et de la Lutte contre les dépendances
- Michael Tibollo, ministre associé délégué au dossier de la Santé mentale et de la Lutte contre les dépendances en Ontario, a participé au groupe de discussion de cette semaine pour parler de l’excellent travail qui s’est fait et qui continue à se faire dans l’ensemble de la province. Qu’il s’agisse des lignes d’écoute téléphonique offrant des services de soutien et des stratégies d’adaptation, ou du programme de Capacité mentale financé par le gouvernement de l’Ontario offrant une thérapie cognitivo-comportementale structurée aux personnes souffrant de dépression ou d’anxiété, il y a toujours des services en place pour favoriser notre bien-être.
- De façon semblable, le RLISS de Champlain regroupe plus de 50 fournisseurs de services. Ceux-ci s’occupent de combler les besoins et les écarts, puis d’offrir des services et des démarches collaboratives. Ils travaillent ensemble pour s’assurer que les services de soutien en matière de santé mentale et de toxicomanie de première ligne ne sont pas interrompus.
- Le RLISS a également créé un site Web où il stocke centralement tous les renseignements des membres de son réseau. Le RLISS a fait de grands progrès en collaborant avec le Distress Centre. En effet, celui-ci assigne directement des rendez-vous aux clients à haut risque de sorte que les conseillers puissent leur venir en aide rapidement et efficacement.
- Le Distress Centre of Ottawa and Region élabore, en collaboration avec la Société de l’aide à l’enfance d’Ottawa, une stratégie communautaire qui rejoindra des parents et des aidants souffrant de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. En effet, il offrira une ligne d’écoute téléphonique bilingue (anglais-français) en tout temps, puis encouragera parents et aidants à composer ce numéro lorsqu’ils ont besoin d’aide.
- Le Distress Centre offre également un service de vérification de mieux-être téléphonique aux patients qui ont récemment reçu un congé de l’hôpital pour une situation d’urgence en santé mentale. Grâce à ce service, les employés du centre s’assurent que les patients se portent bien, qu’ils communiquent avec les services de soutien communautaires et informels appropriés pour obtenir de l’aide et qu’ils respectent le plan de congé approuvé par leur professionnel de la santé.
- Le Partenariat local pour l’immigration d’Ottawa (PLIO) a tenu compte des problèmes de santé mentale uniques auxquels les immigrants et les réfugiés doivent faire face pendant la pandémie de la COVID-19; il a créé un réseau d’agences offrant des services en matière de santé mentale aux nouveaux arrivants pour combler ces besoins de santé précis. Nos partenaires ont réalisé qu’ils devaient offrir des services sur mesure à des groupes en particulier, notamment pour les aider à gérer leur vécu et leurs problèmes de santé mentale.
- La Ville d’Ottawa a attribué la somme de 3 millions de dollars aux fournisseurs de services aux sans-abris et aux organismes communautaires de sorte qu’ils offrent des services essentiels aux résidents à risque de notre ville. Ces organismes viennent entre autres en aide à la communauté autochtone et aux personnes âgées isolées. En effet, elles offrent des services de soutien en matière de santé mentale, de l’aide en cas d’insécurité alimentaire, des programmes de jour, des programmes dans des maisons communautaires, des centres d’information communautaires, des services à domicile, des logements supervisés et des refuges d’urgence.
Notre communauté se trouve dans une situation de crise, et elle ne s’en sortira pas de sitôt. L’endurance mentale des gens est à la baisse, et ils ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Ces importants problèmes de santé mentale diversifiés sont aggravés par les autres perturbations quotidiennes.
Nous avons bon nombre de partenaires engagés ayant un objectif commun; ils nous permettent de répondre rapidement aux besoins, et ce, dès qu’ils sont soulevés. Nous sommes en plein milieu de cette crise et nous devons nous assurer que les nouveaux arrivants et les réfugiés de nos communautés ont l’aide dont ils ont besoin pendant cette pandémie pour en ressortir encore plus forts.
La situation est financièrement difficile pour tant de gens en ce moment. Toutefois, lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons utiliser nos ressources créativement et efficacement, et ce, pour répondre aux besoins les plus pressants.
Telle est notre mission.
Au début du mois de mars, Centraide de l’Est de l’Ontario, en partenariat avec Santé publique Ottawa et des douzaines d’organismes du secteur communautaire, a lancé une initiative visant à aider les personnes les plus vulnérables pendant la pandémie de la COVID-19 qui afflige notre région. Ce partenariat nous a permis de résoudre des problèmes locaux, de prioriser les besoins et surtout, de collaborer. Pour en apprendre plus sur les façons d’appuyer l’initiative ou pour obtenir de l’aide de services communautaires, consultez le https://centraideeocovid19.ca/.