«En raison de cet écart numérique, les personnes isolées n’ont pas accès à la technologie, aux programmes et aux renseignements essentiels.»
Bien que nous ayons tous été touchés par la COVID-19, la pandémie a accentué les inégalités auxquelles plusieurs populations faisaient face avant même le début de celle-ci.
Notre réaction à la COVID-19 nous a rapidement permis d’apprendre que nous ne vivions pas tous cette pandémie de la même façon, et que plusieurs personnes, toujours condamnées à l’isolement, n’avaient pas les ressources nécessaires pour s’épanouir.
C’est notamment le cas des personnes vivant en milieu rural, des nouveaux arrivants, des réfugiés, des personnes âgées, ainsi que des femmes et des enfants vivant dans des foyers où règne la violence; ils ont encore plus de difficulté à rester connectés dans ce monde virtuel qui les a laissés derrière
Depuis mars 2020, Centraide de l’Est de l’Ontario participe à un groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19, composé de membres des autorités de santé publique, de municipalités, d’agences de services sociaux de première ligne, d’entreprises partenaires et d’autres représentants. Ces organisations s’engagent à appuyer les personnes les plus vulnérables de nos communautés pendant la pandémie.
Cette semaine, le groupe s’est réuni pour en apprendre plus sur l’écart numérique et sur les façons dont nous pouvons, en collaboration avec nos partenaires locaux, réduire ces obstacles.

Par Michael Allen
Président et chef de la direction,
Centraide de l’Est de l’Ontario
La connectivité : un droit humain fondamental
Dans les circonstances actuelles, l’accès à Internet devrait être plus qu’un privilège : ce devrait être un droit.
L’année dernière, presque tous les secteurs ont dû mettre au point un modèle opérationnel virtuel. Qu’il s’agisse du secteur de l’éducation ou de soins de santé, du divertissement ou des services sociaux, les industries ont dû adopter un modèle opérationnel virtuel ou hybride, parfois dans les jours qui ont suivi le début de la pandémie, empêchant les gens de se rencontrer en personne.
Ce modèle permet à de nombreuses agences d’offrir des services à encore plus de gens. Toutefois, cette adaptation rapide veut aussi dire que d’autres sont laissés pour compte, n’ayant pas accès aux ressources dont ils ont besoin.
Par exemple, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) indique que la vitesse de connexion minimale de base devrait être d’au moins 50 Mb/s pour les téléchargements et d’au moins 10 Mb/s pour les téléversements.
Malheureusement, l’infrastructure ne répond pas toujours à cette exigence. Dans le comté de Renfrew, la connexion descendante moyenne est de 2 à 5 Mb/s et la connexion ascendante, de 0,5 à 5 Mb/s, et ce, si l’infrastructure est, en fait, fonctionnelle.
Jade Nayman, directrice régionale de Centraide de l’Est de l’Ontario dans le comté de Renfrew, explique que les zones mortes et les vitesses Internet « à pas de tortue » empêchent les gens et les familles d’obtenir des renseignements essentiels et d’accéder aux services de soins de santé, de santé mentale et scolaires dont ils ont besoin.
L’innovation avec la crise
Cette semaine, nos partenaires ont expliqué ce qu’ils font pour éliminer les inégalités technologiques, combler les écarts en matière de renseignements et s’assurer d’offrir les outils auxquels les communautés isolées et mal servies doivent avoir besoin pour demeurer en santé et en sécurité.
Bien qu’ils ne constituent pas des solutions à court terme, bon nombre de projets mis en œuvre pendant la pandémie améliorent l’intégration, la souplesse et l’inclusion des services sociaux. En soutenant ces projets, nous nous assurons qu’ils font partie de la transformation bien méritée des systèmes sectoriels.
Centraide, la Fondation communautaire d’Ottawa et d’autres partenaires, en collaboration avec de généreux donateurs, ont vu à quel point le lancement, la stimulation et la promotion de ces innovations sont importants.
Malheureusement, le gouvernent fédéral n’apportera plus de secours financier en réaction à la COVID-19, venant en aide à d’innombrables initiatives, à compter du 31 mars 2021. Puisque cette date limite approche à grands pas et que le futur financier est incertain, le groupe de discussion s’est concentré sur une chose : continuer d’offrir des services et des solutions.
De l’aide au bout des doigts
Carina Maggiore, coordonnatrice de programmes à la Maison Interval d’Ottawa, a pris la parole devant le groupe de discussion pour confirmer le succès de l’initiative Pas bien chez soi à Ottawa.
Pas bien chez soi à Ottawa est un service sûr et bilingue de texto et de clavardage en ligne pour les femmes et les membres de la communauté LGBTQ2S+ d’Ottawa et du comté de Lanark qui pourraient vivre une situation accrue de violence et d’abus à la maison. Le service est depuis offert dans les communautés de Prescott et Russell.
Le manque d’interactions quotidiennes, comme déposer les enfants à l’école et faire l’épicerie, empêche plusieurs femmes d’aviser quelqu’un lorsqu’elles sont en danger. Celles qui vivent avec leur agresseur pourraient ne pas avoir l’intimité dont elles ont besoin pour demander l’aide d’amis, de membres de la famille ou de services offerts dans la communauté. Plus discrets, les textos et le clavardage peuvent sauver des vies.

Carina Maggiore
Coordonnatrice de programmes à la Maison Interval d’Ottawa
Depuis ses débuts en avril 2020, plus de 1 200 personnes ont reçu, par clavardage, des services de soutien émotif, légal et financier, des services de planification en matière de sécurité; des services de navigation des systèmes et de services visant à combler les besoins de base. Pas bien chez soi à Ottawa a aussi aiguillé au moins 22 appelants vers un logement fiable et sécuritaire.
Intégration immédiate des pratiques exemplaires en matière de communication

Louisa Taylor
Directrice, Réfugié613
Réfugié613 est un centre de communication, d’information et de mobilisation établi à Ottawa qui a pour but d’informer, de connecter et d’inspirer les gens, notamment à accueillir les réfugiés et à bâtir des communautés plus fortes pour tous.
Les nouveaux arrivants sont plus susceptibles de contracter la COVID-19, car ils occupent de façon disproportionnée les emplois de première ligne. D’autres sont sans emploi et en difficulté financière en raison de la fermeture des entreprises.
Avant la pandémie, nous n’accordions pas autant de priorité à la sensibilisation des nouveaux arrivants en ce qui a trait aux services de communication en matière de santé. C’est pourquoi ils ne recevaient pas suffisamment de renseignements sur la COVID-19 au début de la pandémie.
Voici certains des obstacles qui empêchent les nouveaux arrivants d’obtenir des renseignements essentiels :
- Capacités linguistiques et alphabétisation
- La plupart des ressources relatives à la COVID-19 sont rédigées en anglais et en français. Toutefois, plusieurs nouveaux arrivants ne parlent ni l’un ni l’autre, ou ont une connaissance limitée de ces langues officielles.
- Statut d’immigration
- Les demandeurs de statut de réfugié éprouvent beaucoup de besoins sur le plan juridique et, tout comme les étudiants internationaux, n’ont pas accès aux mêmes services que les résidents permanents.
- Connaissance de la technologie
- Certains nouveaux arrivants âgés n’ont pas de connaissances en matière de technologie. Les jeunes nouvellement arrivés au pays, eux, peuvent être à l’aise avec la technologie, mais ils pourraient utiliser d’autres plateformes que celles utilisées par les Canadiens.
- Discrimination
- Les nouveaux arrivants sont souvent victimes de discrimination et de traumatismes raciaux, comme le racisme anti-noir, l’islamophobie, l’homophobie et d’autres préjugés systémiques en matière d’information et de soins de santé.
« Le manque d’accès aux renseignements relatifs à la pandémie viole l’équité en matière de communication des gens. » — Louisa Taylor, Réfugié613
— Louisa Taylor, Réfugié613
Afin de faire face à cette situation, Réfugié613 fait preuve d’équité dans toutes ses stratégies de communication. Pendant la pandémie, cela veut dire :
- traduire les messages de santé publique dans diverses langues;
- diffuser les messages aux diverses agences servant les nouveaux arrivants;
- créer des groupes WhatsApp permettant de partager des renseignements là où les nouveaux arrivants peuvent les trouver;
- animer un sommet de communication numérique pour partager des pratiques exemplaires avec d’autres agences.
En prévoyant la compétence culturelle dès le début, les services s’assurent d’atteindre les communautés qui en ont le plus besoin.
Utilisation de données permettant d’informer les messages de santé publique
Erinn Salewski, gestionnaire des opérations communautaires à Santé publique Ottawa (SPO), occupe un poste destiné à garder les populations mal servies en santé et en sécurité pendant la COVID-19.
Nous savons que les personnes racialisées sont plus susceptibles de contracter la maladie et d’avoir des problèmes de santé. Les personnes autochtones ou de couleur, ayant souvent été victimes de racisme dans le système de soins de santé, ont plus de difficulté à y faire confiance.
En collaboration avec Logement communautaire d’Ottawa, des équipes de services de quartiers intégrés, des écoles et d’autres partenaires, SPO a lancé un projet pilote visant à entretenir de meilleures communications avec les groupes les plus touchés par la COVID-19.
Le tout commence par les communautés somalienne, arabe, africaine, antillaise et noire francophones. L’équipe de sensibilisation a pour but d’instaurer la confiance et de partager des renseignements à propos des essais et des autres services de soutien.
Certains des outils utilisés par OPH comprennent les suivants : vidéos, messages audio et messages texte pour l’application WhatsApp. En embauchant des experts en communication de ces groupes culturels, OPH peut renforcer la confiance dans ces communautés.

Erinn Salewski
Gestionnaire des opérations communautaires à Santé publique Ottawa
« Seulement la moitié des personnes ayant contracté la COVID-19 ont dit avoir l’anglais ou le français comme langue maternelle. »
— Erinn Salewski, Santé publique d’Ottawa
Écarts numériques dans les communautés rurales

Andrew Martey Asare
Libertel de la Capitale Nationale
Andrew Martey Asare de Libertel de la Capitale Nationale, un fournisseur de services Internet local engagé à offrir un accès numérique, a expliqué les différences entre les connectivités rurale et urbaine.
Selon le Rapport de surveillance des communications de 2020, 87,7 % de tous les ménages en Ontario ont accès à Internet. Toutefois, seulement 30,5 % des ménages en milieu rural et 16,1 % des domiciles dans les réserves des Premières nations ont accès à Internet.
Des entreprises sociales locales, comme Libertel de la Capitale Nationale, se passionnent par l’équité numérique, les solutions technologiques et les études de cas pour de meilleurs services. Toutefois, bon nombre des plus grandes entreprises de télécommunications pouvant effectuer un tel changement ne concentrent pas leurs efforts sur de tels enjeux.
« Au Canada, 50 % de tous les ménages out peu ou pas accès à Internet (services inférieurs aux recommandations du CRTC). »
— Andrew Martey Asare, Libertel de la Capitale Nationale
Andrew et Dianne Urquhart du Conseil de planification sociale d’Ottawa ont donné des précisions sur l’initiative d’équité numérique. Voici les quatre principales façons de renforcer l’équité numérique de notre région :
- Matériel : accès aux dispositifs et à la technologie
- Permet aux résidents dans le besoin d’accéder au matériel approprié et d’obtenir du soutien technique.
- Permet aux résidents dans le besoin d’accéder au matériel approprié et d’obtenir du soutien technique.
- Connexion : accès abordable, fiable et rapide à Internet pour tous
- Améliorer les services Internet et l’infrastructure à large bande pour les résidents à faible revenu et de communautés rurales.
- Améliorer les services Internet et l’infrastructure à large bande pour les résidents à faible revenu et de communautés rurales.
- Alphabétisation numérique : participation aux communautés numériques
- Former les résidents de sorte qu’ils puissent utiliser la technologie numérique pour, entre autres, étudier et travailler.
- Former les résidents de sorte qu’ils puissent utiliser la technologie numérique pour, entre autres, étudier et travailler.
- Capacité : renforcement du secteur sans but lucratif
- Améliorer les capacités du secteur sans but lucratif de sorte qu’il puisse offrir des services numériques aux résidents qui se butent à des obstacles.
« La COVID-19 le confirme : il est important de combler l’écart numérique au Canada. » — Carole Saab, Fédération canadienne des municipalités
— Carole Saab, Fédération canadienne des municipalités
Pour Carole Saab, directrice générale de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), explique que l’accès à Internet est une priorité. Selon elle, les municipalités et la FCM jouent un rôle prépondérant dans la mise en œuvre des programmes pouvant réduire les écarts numériques. En effet, les municipalités sont les mieux placées pour consolider l’infrastructure, ainsi que pour donner un accès numérique et offrir des ressources de première ligne aux personnes dans le besoin.
Le programme torontois ConnectTO est un exemple prometteur des façons dont les municipalités, en collaboration avec des partenaires des secteurs privé et sans but lucratif, peuvent réduire les écarts numériques dans les communautés mal servies. Le programme confirme l’injustice sociale que constitue l’inaccessibilité à une connexion Internet rapide et abordable, encore plus en situation de pandémie.
Plusieurs partenaires accordent de l’importance à la connectivité pour prévenir et gérer les situations de crise. Toutefois, Carole fait remarquer à quel point cette connectivité est essentielle pour interagir socialement avec plusieurs communautés éloignées. Au Nunavut, par exemple, plusieurs enfants jouent à des jeux en ligne pour tisser des liens avec les autres, notamment en raison de leur emplacement géographique isolé et de la pandémie. Une infrastructure adéquate est de mise pour qu’encore plus de gens puissent s’engager socialement.
En 2019, le gouvernement fédéral a réagi au plaidoyer du FCM en investissant dans la connectivité à large bande et sans fil du pays. Cet investissement stimulera grandement les économies et améliorera la qualité de vie dans les communautés rurales, nordiques et éloignées.

Carole Saab
Cheffe de la direction, Fédération canadienne des municipalités
Avenir
Environ un an après le début de la pandémie, des milliers de Canadiens n’ont pas accès à la technologie et à la connectivité, ce qui les empêche d’obtenir des services vitaux et des renseignements de base.
Nous connaissons les besoins de notre région. Nous sommes ainsi en mesure d’améliorer, voire de renforcer efficacement les initiatives que nous offrons aux communautés locales. Voici certaines recommandations clés permettant de renforcer notre travail visant à combler ces écarts à mesure que nous appuyons le travail essentiel de nos partenaires :
- Communication : Améliorer les méthodes efficaces d’établissement de la confiance et de diffusion de renseignements essentiels propres aux communautés visées.
- Engagement critique : Obtenir des ressources et du financement pour améliorer les outils d’engagement critique.
- Renforcement des capacités : Renforcer la coordination entre les services et améliorer la cueillette de données.
- Collaboration et partenariats : Améliorer les partenariats entre les villes et les municipalités, ainsi que leurs communautés hautement touchées.
- Connectivité : Collaborer et poursuivre le plaidoyer en faveur d’une infrastructure technologique améliorée.
Travail continu
Nous avons bon nombre de partenaires engagés ayant un objectif commun; ils nous permettent de répondre rapidement aux besoins, et ce, dès qu’ils sont soulevés. Nous sommes en plein milieu de cette crise et nous devons nous assurer que tous puissent obtenir les renseignements dont ils ont besoin pour demeurer en santé et en sécurité.
Ce n’est pas qu’une priorité pendant la COVID-19, mais bien pour la santé et le bien-être des générations à venir.
Au début du mois de mars, Centraide de l’Est de l’Ontario, en partenariat avec Santé publique Ottawa et des douzaines d’organismes du secteur communautaire, a lancé une initiative visant à aider les personnes les plus vulnérables pendant la pandémie de la COVID-19 qui afflige notre région. Ce partenariat nous a permis de résoudre des problèmes locaux, de prioriser les besoins et surtout, de collaborer. Pour en apprendre plus sur les façons d’appuyer l’initiative ou pour obtenir de l’aide de services communautaires, consultez notre site Web à centraideeo.ca/covid19.